Critique : Face au vent

Mónica a 47 ans, elle est chorégraphe et vit à Buenos Aires. Quand elle reçoit un appel de sa sœur qui lui apprend que leur père est très malade, elle décide de se rendre à son chevet, dans son village natal au nord de l’Espagne. A son arrivée, son père est déjà mort, elle va rester pour aider sa mère à vendre la maison familiale. Au fil des longs mois d’hiver dans ces terres arides et isolées, Mónica redécouvre cette femme qu’elle n’a pas vue depuis vingt ans.

Face au vent
Espagne, 2018
De Meritxell Colell

Durée : 1h47

Sortie : 05/06/2019

Note :

POUSSIÈRES DANS LE VENT

Face au vent est le premier long métrage de la réalisatrice espagnole Meritxell Colell. Ce film arrive dans les salles françaises après un beau parcours en festivals, sélectionné entre autres à la Berlinale et à San Sebastian. Il décrit un récit familial aux figures qui peuvent sembler archétypales, mais la cinéaste fait preuve d’une sensibilité qui rend Face au vent vibrant et émouvant. On a l’habitude des histoires familiales où l’on doit se rendre des comptes par l’affrontement verbal ; Colell, elle, préfère le silence qui installe un rapport plus intime aux personnages.

Ces silences laissent de la place à l’introspection dans Face au vent. Ce qui exprime les émotions ici, plus que les mots, ce sont les corps (l’héroïne est danseuse, un élément émotionnel bien mis en valeur par le film) et la éléments. Colell filme la nature avec attention : la grisaille triste de l’automne, la neige hivernale, la brume qui tombe, les premières couleurs printanières… Tout cela en conservant une aspérité – le film porte en lui un intéressant contraste entre une grande austérité et une grande tendresse.

« Toutes les choses ont une fin, nous aussi d’ailleurs » dit la mère en déblayant sa ferme. Colell raconte avec finesse un monde qui disparaît (le père mort) ou qui va disparaître (la mère âgée, son mode de vie). Le film est également rendu vivant par l’authenticité de son interprétation. La réalisatrice cite Naomi Kawase et Hou Hsiao-Hsien parmi ses inspirations, ici plongées dans une Argentine rurale. Il y a effectivement de leur élégance dans la peinture des sentiments et du doux-amer dans ce premier film prometteur.

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par Nicolas Bardot

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