Critique : Dalva

Dalva a 12 ans mais s’habille, se maquille et se vit comme une femme. Un soir, elle est brusquement retirée du domicile paternel. D’abord révoltée et dans l’incompréhension totale, elle va faire la connaissance de Jayden, un éducateur, et de Samia, une adolescente au fort caractère. Une nouvelle vie semble alors s’offrir à Dalva, celle d’une jeune fille de son âge.

Dalva
France, 2022
De Emmanuelle Nicot

Durée : 1h20

Sortie : 22/03/2023

Note :

L’EMPRISE

Dévoilé à la dernière Semaine de la Critique, Dalva est le premier long métrage de la Française Emmanuelle Nicot. Le film débute en un éclat : une jeune femme est séparée d’un homme par des individus portant un brassard de police. Dans l’agitation et la pénombre, ce qu’on croit voir initialement se révèle être un leurre. Derrière la tenue, le chignon, le maquillage, les boucles d’oreilles, il y a en fait non pas une femme, mais une fille de 12 ans. Ce n’est pas une scène de ménage qui tourne mal : c’est une enfant retirée des griffes de son père qui abuse d’elle.

Cette première scène adopte assez habilement le point de vue de sa jeune héroïne. C’est ce qui distingue le film : il ne raconte pas l’histoire d’une victime qui a conscience d’avoir été abusée, mais d’une victime qui fait corps avec son abuseur – et qui ne se considère pas comme une victime. Ce point de vue inconfortable donne de la profondeur au long métrage, il permet d’examiner les mécanismes pervers de l’emprise sans avoir la prétention d’avoir réponse à toutes les questions. Dalva est également servi par la qualité d’interprétation de la jeune Zelda Samson, dont le personnage, sur le papier, pourrait n’offrir que peu de variations.

Hélas, le film s’enlise à notre sens dans les figures imposées du « film de foyer » – un genre à vrai dire vu et revu du cinéma français. Les conflits (répétés) avec les autres jeunes, les disputes (répétées) avec l’éducateur, les coups de sang (répétés) à l’école ou face à une psy… Dalva déroule un programme péniblement prévisible (situations, dialogues, évolution des personnages) où il ne reste que peu de place pour la personnalité. Evidemment bien intentionné, le long métrage reste trop scolaire pour être vraiment à la hauteur de son complexe sujet.

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par Nicolas Bardot

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