Berlinale | Critique : Come Here

Quatre jeunes acteurs sont en voyage à Kanchanaburi. Là-bas, ils séjournent dans une cabane au cœur de la forêt, au bord de la rivière. Ils boivent sur la terrasse, parlent et regardent les feux d’artifice la nuit – des moments qu’ils reproduiront lorsqu’ils seront de retour sur scène à Bangkok…

Come Here
Thaïlande, 2021
De Anocha Suwichakornpong

Durée : 1h09

Sortie : –

Note :

JARDIN DU SOUVENIR

Où mènent donc les rails que suivent les protagonistes de Come Here ? Sont-ils un chemin pour remonter le fil de la mémoire, ou permettent-ils de se plonger dans l’inconscient ? Anocha Suwichakornpong ne tranche pas nettement dans ce nouveau long métrage aussi délicat et magique que ses précédents. Ses personnages marchent dans une nature sans repère historique visible, mais où ils savent que des violences ont eu lieu. Le seul musée aux alentours est fermé et on se demande par quel chemin ils pourraient accéder à l’Histoire. Si Come Here n’est pas explicitement politique, le film travaille la présence d’une mauvaise conscience – ou du moins d’un trouble dans la paisible jungle.

Come Here s’ouvre par des images dans un train et assez vite le son est désynchronisé. Ce n’est pas la seule dissociation/association poétique opérée par la cinéaste : on pense notamment à ses split screens horizontaux énigmatiques, ou à ce plan de fenêtre où l’image s’anime mystérieusement. Le film, visuellement superbe, est riche en idées formelles. Son utilisation du noir et blanc est remarquable, qu’il s’agisse des reflets sur l’eau, de l’accumulation des pierres, de la densité des arbres ou des détails sur les visages.

Les personnages de Come Here, quatre acteurs, se retrouvent dans une adorable maisonnette où les discussions s’étirent paresseusement tout au long de la nuit. Une pièce de théâtre est en préparation, et l’on assiste à la mise en place d’un décor identique à la maisonnette où les protagonistes se trouvent. Le film mêle répétitions, fantasmes et projections, et ses coutures restent invisibles. Un peu hermétique ? Probablement, mais de siestes en songes, Anocha Suwichakornpong distille une douce poésie à l’ensorcellement tranquille.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article