Festival de La Roche-sur-Yon | Critique : Birth/rebirth

Une mère célibataire et une femme travaillant à la morgue réaniment une petite fille d’entre les morts.

Birth/rebirth
Etats-Unis, 2023
De Laura Moss

Durée : 1h38

Sortie : –

Note :

FAMILLE DÉCOMPOSÉE

Celie et Rose ne se connaissent pas mais elles travaillent dans des services différents du même hôpital. La première dans les étages pleins de lumière, l’autre recluse dans un sous-sol où personne ne risque d’atterrir par hasard. Infirmière à la maternité, Celie a de l’énergie et de la bienveillance à revendre même si sa vie de mère célibataire ressemble à une pagaille perpétuelle. Rose la solitaire névrosée maintient au contraire des relations glaciales avec ses très rares collègues de la morgue. La différence entre ces deux protagonistes est telle qu’elle pourrait presque servir de base à une comédie romantique, mais l’événement qui va relier l’une a l’autre est plutôt une tragédie : le décès brutal de la fille de Celie.

Birth/Rebirth est loin d’être le premier film à réimaginer des variantes contemporaines des mythes de Lazare ou Frankenstein, et la réalisatrice Laura Moss n’est pas non plus la seule à parler de la difficulté du deuil à travers le prisme fantastique, quitte à ne toucher ce dernier que du bout des doigts (la fillette décédée met du temps à se réveiller pour finalement ne pas faire grand chose de remarquable après). Si le résultat reste un peu trop en surface pour être bien inquiétant, il propose néanmoins plusieurs contrepoints inattendus : la performance outrée de Marin Rose en savante folle y apporte une touche bienvenue de grotesque, tandis que la cohabitation improvisée de cette famille improbable prend presque des airs de sitcom cryptoqueer. Plus que l’enfant ressuscité, c’est le film lui-même qui ressemble alors une curieuse créature.

par Gregory Coutaut

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