Festival de La Roche-Sur-Yon | Critique : Anonymous Club

Danny Cohen suit la compositrice et chanteuse rock australienne Courtney Barnett lors de ses concerts aux États-Unis mais aussi dans l’intimité de son processus d’écriture.

Anonymous Club
Australie, 2022
De Danny Cohen

Durée : 1h23

Sortie : –

Note :

TOGETHER ALONE

« Tell Me How You Really Feel » (dis-moi ce que tu ressens en vrai) est le titre du deuxième album de la musicienne australienne Courtney Barnett, et ça pourrait tout aussi bien être le titre de cet attachant documentaire que lui consacre aujourd’hui le réalisateur Danny Cohen (après avoir signé plusieurs clips pour elle au fil des années). Aussi simple qu’elle paraisse, cette phrase qui pourrait sur le papier être la devise de plus d’une pop star superficielle traduit bien l’émouvante ambivalence du rapport de la chanteuse à sa musique.

C’est en effet à la fois un état des lieux pour celle dont les paroles auto-dépréciatives sont réputées pour leur honnêteté brutale (quelques exemples de titres de ses chansons, dont les paroles ne sont hélas pas toujours sous-titrées: Crippling Self-Doubt and a General Lack of Confidence, Nobody Really Cares If You Don’t Go to the Party, Pedestrian at Best…). C’est aussi une incitation à son public de partager son intimité. Avec ses grands yeux ronds et son sourire tordu, l’artiste à l’air aussi gentiment paumée qu’incroyablement cool, presque incrédule que sa difficulté à être au monde rencontre une telle popularité, de festivals chinois aux plus gros plateaux télés américains.

A la fois journal intime et road-movie, Anonymous Club suit Courtney Barnett pendant trois ans, au fil de ses tournées. Alternant séquences collectives sur scène et solitude des coulisses, le film ne cherche pas à réinventer la roue du documentaire musical (évitant ainsi le demi-échec de la curiosité The Nowhere Inn, sur et avec St. Vincent), mais exécute parfaitement son sympathique programme. Le résultat est tantôt drôle (quand des foules frappent des mains en rythme sur une chanson parlant de suicide), tantôt poignant (Courtney accueille son public d’un « Je ne peux pas croire que vous soyez si nombreux » avant de chanter « Je me sens si seule que je pourrais pleurer »). Mais le plus souvent, Anonymous Club navigue entre les deux, donnant le sentiment chaleureux d’avoir partagé un bout de route et d’intimé avec Courtney et ses fans.

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par Gregory Coutaut

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