TIFF 2023 | Critique : Miúcha, The Voice of Bossa Nova

L’histoire de la célèbre chanteuse brésilienne Heloísa Maria Buarque de Hollanda (Miúcha), à travers ses lettres, ses journaux, ses films amateurs et ses aquarelles animées pour le film. Le portrait vibrant et fascinant d’une légende musicale, qui a notamment travaillé avec Vinicius Moraes, João Gilberto (avec qui elle a partagé une partie de sa vie), Antônio Carlos Jobim et Stan Getz.

Miúcha, The Voice of Bossa Nova
Brésil, 2022
De Daniel Zarvos et Liliane Mutti

Durée : 1h38

Sortie :  –

Note :

JE VEUX DONNER MA VOIX

Dans l’une des images d’archives qui composent en partie ce documentaire réalisé à quatre mains, on voit le couple Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir reçu en fanfare à São Paulo. Ou plutôt : Sartre reçoit les honneurs et les questions des journalistes tandis que Beauvoir est reléguée en bordure du cadre par la caméra. Plus loin dans le film, un entretien familial donné à la télévision par Miúcha vient y faire écho : la chanteuse y est assise tout au bout du canapé avec sa fille sur les genoux, tandis que le journaliste n’interroge que son époux.

Heloísa Maria Buarque de Hollanda, dite Miúcha, est en effet longtemps restée dans l’ombre des hommes très célèbres qui ont marqué sa vie. Elle dont les collaborations n’ont pas toujours été officiellement créditées en dépit de leur succès a longtemps été réduite au rang de « la soeur de » (Chico Buarque), « l’épouse de » (João Gilberto) et « la collaboratrice de » (Antônio Carlos Jobim parmi d’autres). Le touchant documentaire Miúcha, The Voice of Bossa Nova vient remettre les pendules à l’heure en douceur, en partant de l’idée judicieuse d’être narré par la première concernée. Sans amertume, avec un sourire solaire dans la voix, Miúcha se réapproprie son parcours.

La voix de Miúcha s’exprime d’ailleurs de plusieurs manières et le film assemble judicieusement différents types de narrations. Il y a bien sûr des archives visuelles et sonores, de nombreuses chansons, des extraits de journaux intimes lus à a première personne, mais il y a aussi des aquarelles animées (peintes par Miúcha) aux contour flous et aux couleurs intimes. Plutôt que de faire défiler les étapes attendues, la caméra semble ici voler au-dessus d’un album photo, comme dans un rêve. S’il ne cherche pas à révolutionner l’écriture documentaire, le résultat possède un relief bien vivant et, même dans ses moments de tristesse, une indéniable chaleur humaine.

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par Gregory Coutaut

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