Quels sont les films à ne pas manquer en mai ? Le Polyester vous propose sa sélection de longs métrages à découvrir en salles.
• État limite, Nicolas Peduzzi (1er mai)
L’histoire : Hôpital Beaujon, Clichy. Au mépris des impératifs de rendement et du manque de moyens qui rongent l’hôpital public, Jamal Abdel Kader, seul psychiatre de l’établissement, s’efforce de rendre à ses patients l’humanité qu’on leur refuse. Mais comment bien soigner dans une institution malade ?
Pourquoi il faut le voir : Remarqué au Festival CPH:DOX puis à l’ACID, État limite est un documentaire en milieu hospitalier qui tend un miroir au monde dans lequel nous vivons. C’est le portrait d’un système exsangue, épuisé par des décisions politiques ; qui néanmoins cherche et trouve avec succès ce qu’il reste d’humain, et de lien entre les humains.
• Toutes les couleurs du monde, Babatunde Apalowo (8 mai)
L’histoire : Bambino et Bawa se rencontrent à Lagos au Nigeria. Lors de leurs balades aux quatre coins de la ville, ils développent des sentiments mutuels et vont devoir faire face à l’hostilité d’une société où l’homosexualité est encore tabou.
Pourquoi il faut le voir : Lauréat du Teddy Award l’an passé à la Berlinale, Toutes les couleurs du monde du Nigérian Babatunde Apalowo met en scène ses amoureux solitaires en privilégiant une grande douceur dans l’écriture comme dans sa forme. Le cinéaste laisse également une place à une mélancolie amère dans ce portrait nuancé et poignant.
• Blaga’s Lessons, Stephan Komandarev (8 mai)
L’histoire : Blaga, enseignante à la retraite, est victime d’une arnaque téléphonique. Afin de récupérer la somme, Blaga commence à travailler pour ceux qui l’ont escroquée. La femme autrefois honnête commence à sacrifier tous ses principes.
Pourquoi il faut le voir : Couronné au Festival de Karlovy Vary, Blaga’s Lessons du Bulgare Stephan Komandarev est un drame porté par une étrange tension entre l’horreur sociale et la cruauté camp. Son scénario habilement construit gagne en aspérité en préférant l’immoralité au confort didactique. Le film doit également beaucoup à sa remarquable actrice, Eli Skorcheva.
• Rapture, Dominic Sangma (15 mai)
L’histoire : Dans un village du Meghalaya, au nord-est de l’Inde, plusieurs jeunes hommes disparaissent mystérieusement durant la nuit. Alors que les anciens accusent de kidnapping les étrangers de passage, le prédicateur y voit les prémices d’une apocalypse de 40 jours et 40 nuits qui plongera les habitants du village dans l’obscurité. Vu à travers les yeux de Kasan, un garçon de dix ans souffrant de cécité nocturne, les forêts alentour n’ont jamais paru aussi terrifiantes.
Pourquoi il faut le voir : Remarqué au Festival de Locarno, Rapture de l’Indien Dominic Sangma est une métaphore politique très contemporaine que le cinéaste nous raconte en gardant un pied dans la fable et l’autre dans un portrait de groupe réaliste. La photo, qui vient apporter des couleurs et un relief chaleureux à cette nuit tropicale, participe beaucoup à l’atmosphère du film.
• Foudre, Carmen Jaquier (22 mai)
L’histoire : Été 1900, au cœur d’une vallée du sud de la Suisse. Elisabeth, 17 ans, est sur le point de prononcer ses vœux après 5 ans passés au couvent. La mort soudaine de sa sœur l’oblige à retourner dans la ferme familiale pour assumer son nouveau rôle d’aînée. Elisabeth se retrouve vite asphyxiée par cette vie de labeur et obsédée par les mystères qui entourent la disparition de sa sœur. Elle va alors chercher à s’affranchir de son statut et de ses nouveaux engagements.
Pourquoi il faut le voir : Sélectionné entre autres à Toronto et à San Sebastian, Foudre est effectivement une révélation foudroyante. Cette exploration incandescente et sensorielle de la liberté est un bijou formidablement mis en scène par sa réalisatrice, la Suissesse Carmen Jaquier (lire notre entretien), qui fait preuve d’un talent stupéfiant pour dépeindre le mystère.
• Heroico, David Zonana (22 mai)
L’histoire : Luis, un jeune homme de 18 ans aux racines indigènes, entre au Collège militaire dans l’espoir de s’assurer un meilleur avenir. Là, il se heurte à un système rigide et violent, conçu pour faire de lui un parfait soldat.
Pourquoi il faut le voir : Remarqué à Sundance et à la Berlinale, le film du Mexicain David Zonana (qui s’était distingué avec son premier long métrage, Mano de obra) possède un atout de taille – son incroyable décor. D’une beauté vénéneuse, Heroico nous met dans la peau de ses protagonistes hypnotisés par un système prêt à les avaler.
• Greenhouse, Lee Solhui (29 mai)
L’histoire : Aide-soignante à domicile, Moon-jung s’occupe avec bienveillance d’un vieil homme aveugle et de sa femme. Mais quand un accident brutal les sépare, tout accuse Moon-Jung. Elle se retrouve à devoir prendre une décision intenable.
Pourquoi il faut le voir : Présenté en première mondiale au Festival de Busan, le premier long métrage de la Coréenne Lee Solhui est un drame tordu à souhait qui ne perd pas de vue l’humanité de ses personnages. Porté par l’actrice Kim Seohyung, Greenhouse est un film qui parvient à demeurer accessible et élégant même dans la noirceur.
• Une autre vie que la mienne, Malgorzata Szumowska et Michal Englert (29 mai)
L’histoire : C’est l’histoire d’Andrej, bon mari et jeune père, dans une petite ville de Pologne. De plus en plus mal à l’aise dans son corps, il tente de trouver sa véritable identité, dans un pays passé en trois décennies du communisme au capitalisme. L’histoire de quelqu’un a qui on interdit d’être soi-même.
Pourquoi il faut le voir : Dévoilé en compétition à la Mostra de Venise, le nouveau film du duo polonais Malgorzata Szumowska et Michal Englert est un portrait intense et ample, qui rattrape certaines représentations trans un peu datées par une générosité et une ambition esthétique qu’on aimerait croiser plus souvent.
Nicolas Bardot & Gregory Coutaut
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