Critique : Greenhouse

Aide-soignante à domicile, Moon-Jung s’occupe avec bienveillance d’un vieil homme aveugle et de sa femme. Mais quand un accident brutal les sépare, tout accuse Moon-Jung. Elle se retrouve à devoir prendre une décision intenable.

Greenhouse
Corée du sud, 2022
De Lee Solhui

Durée : 1h40

Sortie : 29/05/2024

Note :

LES PETITS SOINS

Moon-Jung se lève le matin, fait sa petite toilette et aussitôt commence à se gifler le visage. Pas de doute, nous sommes bien en plein cinéma coréen. Pas celui des polars musclés (les coups ne vont quand même pas jusque-là), mais celui du drame psychologique noir et intense où les personnages semblent souffrir davantage que dans n’importe quel pays au monde, pour notre plaisir de spectateur. Qu’est ce qui fait souffrir Moon-Jung ? On ne le devine justement pas tout de suite.

Quand elle ne participe pas à des thérapies de groupe, la ténébreuse héroïne (incarnée avec conviction par Kim Seohyung, croisée dans The Villainess ou Doomsday Book) travaille comme aide soignante auprès d’un couple âgé en difficulté : le mari aveugle ne tarit pas d’éloge sur le travail de Moon-Jung, tandis que l’épouse atteinte d’Alzheimer est persuadée que cette dernière veut sa mort. Cette dynamique pourrait presque être celle d’une comédie mais Greenhouse reste sagement sur les rails du drame propre sur soi, quitte à arrondir un peu trop les angles dans sa première partie. Or l’angle dur attendu arrive enfin au propre comme au figuré : la vieille épouse revêche meurt de s’être cognée la tête par terre, ce qui déclenche un angoissant et délicieux engrenage de conséquences.

Sur un récit similaire, Greenhouse ne possède pas d’emblée la même tension remarquable du slow burner L’Infirmière de Koji Fukada. Ici, la mise en place demande de la patience mais la deuxième partie vient réaliser l’idéal, à savoir faire face au potentiel particulièrement cruel de ce récit tordu à souhait. La réalisatrice Lee Solhui, dont il s’agit ici du premier film, ne cherche pas à provoquer un malaise intense. Davantage focalisé sur l’humanité de ses personnages plutôt que sur un suspens à tout crin, Greenhouse possède des garde-fous qui lui permettent de demeurer accessible et élégant même dans la noirceur.

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par Gregory Coutaut

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