Critique : Bonnard, Pierre et Marthe

Pierre Bonnard ne serait pas le peintre que tout le monde connaît sans l’énigmatique Marthe qui occupe à elle seule presque un tiers de son œuvre…

Bonnard, Pierre et Marthe
France, 2023
De Martin Provost

Sortie : 10/01/2024

Note :

PEINTURE À L’EAU

Dans l’ombre du peintre Pierre Bonnard, il y avait son épouse, Marthe. Dans l’ombre, mais pourtant très présente en tant que modèle sur les œuvres de son époux. Marthe n’est d’ailleurs pas seulement muse, elle est aussi peintre elle-même. Martin Provost évoque le mystère et les secrets de cette relation dans un film qui s’inscrit doublement dans les thématiques de sa filmographie : d’abord la peinture comme dans son principal succès (Séraphine, consacré à Séraphine de Senlis il y a une quinzaine d’années) mais aussi les figures féministes (en tête, Violette Leduc incarnée par Emmanuelle Devos dans 2013).

Mais au contraire justement de Séraphine qui parvenait à éviter les lourdeurs scolaires, Bonnard, Pierre et Marthe n’échappe jamais à l’académisme. L’écriture d’abord, qui nous a semblé particulièrement paresseuse : les personnages qui récitent leur biographie et leur note d’intention dès leur première scène, le personnage de Cécile de France qui dit « c’est qui ? »  toutes les deux minutes pour qu’on lui/nous présente bien chaque personnage secondaire ; autant de tics d’une écriture basique où chaque protagoniste nous dit qu’il est, pourquoi et comment.

Le film n’est pas relevé par le casting et une direction d’acteur qui nous a paru bancale : d’un côté, des personnages masculins joués avec une certaine fadeur, de l’autre, des personnages féminins (essentiellement Cécile de France et Anouk Grinberg) qui surjouent comme dans une comédie pour enfants. Bonnard n’a pas vraiment le savoir-faire confortable d’un cinéma populaire et pantoufle : il s’avère aussi mollasson que peu généreux. Dans ce grand fourre-tout incohérent qu’est la section Cannes Première, le film trébuche avant tout sur l’écueil de ce genre de long métrage : du biopic de plasticien.ne.s extraordinaires mais qui ne parvient jamais à transmettre quoi que ce soit par l’image.

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par Nicolas Bardot

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