Entretien avec Miu Nakata

Après Travis Wood et son excellent Affurmative Action la semaine dernière, suite de notre focus sur les meilleurs courts métrages de la dernière édition du Festival SXSW avec Wish Upon a Snowman. Ce court jubilatoire est un conte de Noël en stop-motion, mi-horrible mi-kawaï. Vous pouvez voir cette pépite merveilleuse sur la page du festival. Sa jeune réalisatrice, Miu Nakata, est notre invitée de ce Lundi Découverte.


Quel a été le point de départ de Wish Upon a Snowman ?

Wish Upon a Snowman a d’abord été conçu comme un film d’animation inclus dans un programme pour mon école. A l’origine, le film n’était pas destiné à être diffusé en festivals, mais les réactions de mes camarades de classe et des enseignants ont été très enthousiastes. Ils ont vu un potentiel dans mon film, et cela m’a donné envie de retravailler une version pour le Festival SXSW. Je vis au Texas, et la plupart du temps il ne neige pas ici, mais j’ai le souvenir des moments où je jouais avec la neige quand j’étais au Japon. J’ai pensé que ce serait une excellente idée d’exprimer l’aventure et l’excitation de la construction d’un bonhomme de neige, en espérant que les gens qui n’ont jamais vécu dans un endroit avec de la neige puissent ressentir cette excitation aussi.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur le choix du stop-motion pour cette histoire en particulier ?

Je pense que l’un des éléments fantastiques qui rendent l’hiver si excitant est la beauté de la neige. Le stop-motion était la meilleure façon pour moi d’exprimer cette excitation de façon réaliste, parce que je voulais que le public ressente la texture de la neige. La technique du stop-motion est un processus laborieux, mais la raison pour laquelle je crois qu’il y a une « âme » dans les films en stop-motion, c’est que les réalisateurs mettent tellement d’effort dans la création d’un mouvement que c’est presque comme si nous avions finalement donné vie à nos personnages. La réalisation de cette passion est ce qui m’a motivée à faire ce film. Le stop-motion repousse les limites de l’imagination. De l’artisanat à la prise de photos de chaque image, il élargit les limites du monde physique.

Votre film raconte une histoire un peu glauque et absurde mais de la manière la plus mignonne qui soit. Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre ces différents tons ?

Mon intention en faisant ce film était d’éloigner le public des stéréotypes et de le surprendre. Je pense que l’ajout d’un peu d’épices dans un film de Noël mignon et le fait d’inclure un élément d’une autre saison serait quelque chose d’imprévisible. Le décor et l’atmosphère étaient très importants dans ce film pour définir les tonalités surréalistes des scènes cauchemardesques. Mais il fallait aussi que ce soit drôle, grâce à des effets sonores / des expressions faciales qui mettent en valeur la « surprise » et pour que le film ne soit pas juste effrayant. 2020 est une année où beaucoup de gens n’ont pas été en mesure de vivre les fêtes et les vacances comme à l’accoutumée, et lentement nous oublions ce qui peut motiver les événements à venir. Mais j’espère que Wish Upon a Snowman a pu apporter des rires dans la période terrible où nos sociétés sont plongées en ce moment.

Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

Le réalisateur qui m’inspire le plus est Hayao Miyazaki. Ses œuvres m’ont fait comprendre que les films d’animation ont le pouvoir d’influencer la société, en particulier la jeune génération. L’enfance est un moment important dans notre vie, où l’on se construit une moralité et une éthique. C’est un moment où nous apprenons beaucoup, et où nos connaissances façonnent nos vies. L’élément extraordinaire de ses films Ghibli est qu’ils abordent les questions importantes sur le monde, et qu’ils encouragent le public à changer la façon dont ils voient l’humanité. Pour mes futurs projets cinématographiques, j’espère créer des films qui ont un sens, tout en faisant en sorte qu’ils soient divertissants afin que le public plus jeune puisse s’y intéresser aussi.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?

Avec Get Out et Us de Jordan Peele. Ces films m’ont beaucoup intriguée car même si ce sont des comédies divertissantes qui parviennent à faire rire, ce sont aussi des films d’horreur avec des éléments satiriques importants abordant les préjugés aux États-Unis. Même si c’est un concept qui a pu être exploré auparavant, il y a dans ces films un symbolisme unique et que je n’avais encore jamais vu. Ce qu’il y a de fantastique chez Jordan Peele, c’est qu’il traite de sujets sérieux qui pourraient refroidir le public, mais dont le ton de comédie les rend plus abordables. Ils divertissent tout en ayant vraiment du sens.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 28 juin 2020.

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