Entretien avec Travis Wood

Pour ces prochains Lundi Découverte, nous vous proposons un focus spécial sur les meilleures révélations parmi les courts métrages sélectionnés au Festival SXSW. Vous pouvez visionner ces films sur la page officielle. Parmi ceux-ci, on trouve l’excellent Affurmative Action de l’Américain Travis Wood (que vous pouvez visionner en bas de cet article). Son principe est aussi simple que glaçant : Wood compile des trombinoscopes d’entreprises où, outre les employés blancs, on trouve plus souvent des chiens que des employés noirs. Le réalisateur nous en dit plus sur cette pépite politique et explosive, qui prend une ampleur supplémentaire à l’heure de Black Lives Matter.


Quel a été le point de départ de Affurmative Action ?

Je cherchais un emploi et j’ai commencé à remarquer qu’il y avait beaucoup de chiens qui figuraient sur les trombinoscopes Meet the Team d’entreprises, mais qu’il n’y avait pas de Noirs. J’ai trouvé ça assez drôle alors j’ai commencé à poster des photos de ces pages Meet the Team sur les réseaux sociaux, puis une tonne de gens ont commencé à répondre et à m’envoyer des pages qu’ils ont vues aussi. Finalement, j’ai commencé à les conserver, ce qui plus tard a contribué à façonner le film.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la confection de votre court métrage ? Quelles décisions avez-vous prises en termes visuels ?

Le film s’est constitué très rapidement une fois que j’ai eu toutes ces pages web. Je voulais que Affurmative Action soit drôle, alors j’ai joué sur le timing pour voir quels étaient les meilleurs moments pour faire apparaître les images de chiens et leurs désignations sous la photo. Le film s’appuie également de manière importante sur la musique. Je voulais un sentiment d’étrangeté, et que le ton soit de plus en plus inquiétant au fur et à mesure du film.

Dans quelle mesure diriez-vous que ces simples pages Meet the Team révèlent quelque chose d’une société entière ?

Je pense que les pages Meet the Team sont un excellent sujet à explorer parce que les entreprises adorent les promouvoir, et finalement elles sont un instantané de ce à quoi l’entreprise ressemble à l’intérieur. Je n’ai pas eu à enquêter beaucoup pour trouver le manque de diversité, qui pour moi prouve que ces entreprises n’ont aucune honte.

Quels sont vos réalisateurs favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

Spike Lee a toujours été une grande source d’inspiration pour moi, ses films ont toujours tellement de style et sonnent tellement vrais. Je me souviens que quand j’ai regardé Do The Right Thing pour la première fois, j’ai eu cette envie excitante d’aller faire quelque chose. Et je dois absolument mentionner Kentucker Audley ! Il réalise, il joue, et j’aime ses films. Au-delà de ça, il a également créé le site NoBudge qui m’a fait découvrir tant de courts métrages indépendants, et c’est juste une inspiration sans fin.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?

J’ai beaucoup aimé le court Shelter in Place, qui propose une solution brillante sur la distance sociale et les interviews filmées. Il y a également quelque chose de brut et d’honnête, et ce sont des qualités que j’aime dans les documentaires.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 24 juin 2020.

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