Festival de Busan | Critique : Yuni

Yuni est une adolescente maline qui a de grands rêves. Elle pense que tout est possible, jusqu’au jour où un homme qu’elle connaît à peine lui fait une demande en mariage. Son refus fait beaucoup parler dans le village. La seconde demande arrive. Yuni croit toujours en ses rêves, mais une légende dit que si l’on refuse deux propositions de mariage, on ne se mariera jamais…

Yuni
Indonésie, 2021
De Kamila Andini

Durée : 1h35

Sortie : –

Note :

GIRL, INTERRUPTED

Confrontée au deuil, la jeune héroïne de The Seen and Unseen, précédent long métrage de l’Indonésienne Kamila Andini (lire notre entretien), était déjà contrainte de grandir trop vite. C’est aussi le cas de Yuni, une jeune fille pleine de rêves mais qui va devoir se conformer à ce qu’on attend d’elle : se marier, avoir un enfant, s’en occuper – et ne surtout pas trop penser à elle. Le monde a évolué plus vite que les traditions, et l’on dit que la malchance va s’abattre sur celle qui refusera plus d’une fois une demande en mariage. A peine sortie de l’enfance, Yuni est déjà prisonnière.

La cinéaste compose une héroïne nuancée et vivante qui évite les pièges du protagoniste Tintin – ce type de personnage sans personnalité, sans aspérité, à qui il arrive des choses de manière arbitraire. De la même manière, Andini tire son épingle du jeu en racontant une histoire assez archétypale qui ne tombe pas dans le stéréotype – ce genre de récit d’apprentissage qui peut être dupliqué à l’identique dans divers pays. Si le film est plus classique et plus prévisible que The Seen and Unseen qui était porté par une vibration surnaturelle plus singulière, son écriture sensible et le soin visuel font mouche.

Andini raconte avec douceur les premières fois : le premier club, la première bière, la première masturbation. Elle saisit cette innocence parmi les peluches, ou dans un salon très girly recouvert de fleurs et de guirlandes clignotantes. Sur cet univers rose et violet pèse néanmoins une violence – c’est un poids sur les épaules des jeunes filles battues ou violées. On parle dans Yuni d’éviter de corrompre la jeunesse, mais pense-t-on réellement aux jeunes filles ? Kamila Andini raconte une émancipation toujours possible. Si, sur la longueur, le film manque peut-être de nerf, il fonctionne aussi grâce à sa confiance calme, sans effets ni artifices. Et confirme que la réalisatrice demeure un talent à suivre.

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par Nicolas Bardot

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