Festival du Film Coréen | Critique : The Apartment with Two Women

Sookyung vit avec sa fille Yijung dans le même appartement. Elles ne s’entendent pas du tout. Sookyung a un tempérament bouillant tandis que Yijung est plus passive. Un jour comme les autres, mère et fille se disputent encore plus violemment que d’habitude…

The Apartment with Two Women
Corée du Sud, 2021
De Kim Se-in

Durée : 2h20

Sortie : –

Note :

QU’EST-CE QUE MAMAN COMPREND A L’AMOUR ?

L’antagonisme mis en scène par The Apartment With Two Women pourrait être celui d’une riante sitcom : il y a la mère survitaminée, qui montre sa culotte et rêve de plages espagnoles, et sa fille neurasthénique, seule et recroquevillée. Dans son premier long métrage qui vient d’être couronné au Festival de Busan, la Coréenne Kim Se-in raconte en fait une situation dramatique, dans cet appartement dont les occupantes sont désignées comme deux femmes plutôt qu’une mère et sa fille. La relation abusive ici dépeinte questionne la notion de famille dans un récit où les deux protagonistes partagent tout mais sont comme deux étrangères.

« Elle est unique ! », s’extasie t-on en voyant Sookyung, une mère dont le look semble être inspiré d’Anne Dorval dans Mommy. Kim Se-in décrit le vernis social minutieusement appliqué par la mère qui, dans l’intimité, se transforme en monstre de perversité. The Apartment With Two Women n’est pas là pour arrondir les angles et sa méchanceté laisse parfois bouche bée. Comment une fille peut-elle signaler les mauvais traitements dont elle est victime lorsque sa tortionnaire est sa mère ? The Apartment With Two Women pourrait être un spectaculaire film de procès mais Kim filme plutôt les conséquences de la fracture : lorsque Yijung, brisée et acculée, n’a plus d’autre choix que de rompre avec sa mère.

Un plan éloquent de The Apartment montre une masse écrasant une voiture à la fourrière. Un autre montre l’une des protagonistes au bord du vide, retenue par une rambarde. Il est beaucoup question dans le long métrage à la fois de précipice et d’impasse. Kim met en scène une relation si toxique qu’on ne sait même pas si les personnages peuvent chuter plus bas. Le traitement de la cinéaste est brut et direct, pendant 2h20 (parfois longues). Quelle structure pour entendre la jeune Yijung victime d’une violence dont personne n’a envie d’entendre parler ? Qu’est-ce qui ne rentre pas sur la photo de famille, qu’elle soit initiale ou recomposée ? Avec une amertume assez impressionnante, The Apartment With Two Women raconte les solitudes dans lesquelles les deux héroïnes sont indéfiniment enfermées, sans réconfortant happy end. Ce premier essai témoigne d’un vrai tempérament et n’est pas là pour faire des concessions.

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par Nicolas Bardot

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