Berlinale | Critique : Stams

Dans la région des Alpes autrichiennes se trouve Stams, l’un des internats de ski les plus performants au monde. Les étudiants viennent ici pour suivre leurs rêves, tout en étant bien conscients que seulement deux pour cent d’entre eux atteindront le sommet.

Stams
Autriche, 2023
De Bernhard Braunstein

Durée : 1h37

Sortie : –

Note :

LA CLASSE DE NEIGE

Lors d’une scène marquante de Stams, un faux genou sert de modèle afin que des jeunes gens observent comment une blessure peut être soignée. Mais les images qu’on voit évoquent davantage une réparation qu’un soin, une sorte de mécanique pour créatures androïdes. Il est pourtant bel et bien question d’êtres humains dans Stams : l’Autrichien Bernhard Braunstein a, pendant plus de deux ans, filmé le quotidien d’une école d’élite autrichienne dédiée au ski. Ses pensionnaires sont jeunes et ont le même espoir : devenir des championnes et champions de la glisse.

S’entrainent-ils pour aller sur la lune ? Braunstein filme effectivement la routine intense des préparations quotidiennes, parfois sur des machines de torture où les mouvements sont répétés jusqu’à l’épuisement. Plus tard, les performances sont décortiquées en vidéo. Le cinéaste filme tout cela comme à la loupe ; Stams est une observation factuelle et sans entretiens. Lors d’une course, quand enfin nous sortons du gymnase, la descente spectaculaire reste hors champ : la caméra s’attarde avant tout sur le point de départ, le compte à rebours, et la tête casquée.

Braunstein décrit une pression telle qu’on en vient parfois à oublier qu’il s’agit là d’adolescent.e.s. Les jeunes assistent à un sermon à l’église et de fait, leur sport semble devenu une religion. Le réalisateur dessine en creux la cruauté du sacrifice – la réussite peut-être, mais aussi la possibilité de la blessure et de l’échec. Dans son précédent long métrage, Atelier de conversation, des gens de tous horizons se réunissaient pour se familiariser avec le français et se perfectionner. Stams, sur le papier, semble raconter une toute autre histoire : celle d’une concurrence acharnée. Ce n’est finalement pas ce qui apparaît dans le long métrage. Atelier racontait des solitudes (des personnes parfois isolées, ayant quitté leur pays, ne maîtrisant pas parfaitement le français) formant une communauté. Malgré la compétition, c’est aussi une communauté qui est au cœur de Stams, des individualités mises l’une contre l’autre certes mais aussi quelque chose qui les réunit.

Au tout début de Stams, on assiste à des mouvements d’échauffement auxquels on peut être familier – mais cette fois ces mouvements sont réalisés en tenues de ski, avec des capes et sous des casques, rendant, sans contexte, ces images assez étonnantes. Braunstein décrit les faits de manière immersive (le corps, sa manipulation, son entrainement, ses performances), tout en laissant un espace à l’incongru et à l’insaisissable (l’épuisement physique jusqu’à l’absurde, les espoirs tout en haut dans le ciel), offrant ainsi un regard riche en même temps qu’une intéressante dynamique.

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par Nicolas Bardot

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