Berlinale | Critique : Small Things Like These

Noël 1985, Bill Furlong, père dévoué, découvre les secrets cachés dans le couvent de sa ville.

Small Things Like These
Irlande, 2024
De Tim Mielants

Durée : 1h36

Sortie : –

Note :

LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT

C’était une gageure que d’adapter Small Things Like These, court roman d’une centaine de pages écrit par Claire Keegan et édité en France sous le titre Ce genre de petites choses. Comment traduire en images la langue délicate et évocatrice de l’autrice irlandaise ? Comment ne pas aplatir ce roman minimaliste qui laisse  une large place à la suggestion et où les petites choses à peine dites laissent imaginer de bien plus grandes ? Comment ne pas rendre académique ce récit se déroulant dans une Irlande de bars, de messes et de charbon ?

Découvert avec un film pour le moins différent (Patrick, une comédie noire et naturiste), le Belge Tim Mielants met, littéralement, l’église au milieu du village dans le premier plan de Small Things Like These. Ce clocher est au centre, mais on ne sait pas vraiment s’il s’agit d’une présence bienveillante ou au contraire d’une menace qui pèse sur la petite ville. Malgré Noël, les lumières de celle-ci demeurent sombres, d’un orange nuit inquiet. On ânonne et répète la bonne morale chrétienne lors de la messe mais le film, inspiré de faits tragiques qui ont duré plus de sept décennies en Irlande, va raconter quelque chose de bien moins pur.

A plusieurs reprises, la caméra de Tim Mielants et de son directeur de la photographie, Frank van den Eeden (collaborateur entre autres de Lukas Dhont sur Girl et Close) panote et semble tout voir – mais pourtant, dans la ville et dans son couvent, il y a un secret. Le scénariste Enda Walsh (Hunger) se tire honorablement de cette adaptation assez impossible, où la violence est tellement institutionnalisée qu’il n’est nul besoin d’élever la voix. Pas de scènes dramatiques ostensiblement spectaculaires donc dans Small Things Like These, qui semble toujours rester au bord de, mais c’est aussi là le sujet du film.

Bill, un père de famille taiseux et au cœur bon, se retrouve témoin d’une affaire bien plus grande que lui. Doit-il fermer les yeux ? Le choix de Cillian Murphy pour incarner ce protagoniste troublé, peu à peu écrasé par les responsabilités qu’il a à prendre, semble bien vu mais le pari n’est, à notre sens, qu’à moitié relevé. Il y a dans le roman une culpabilité qui peu à peu gagne Bill jusqu’à la bascule, tandis que le Bill de Murphy nous a paru moins nuancé, sur une note. Emily Watson, dans un rôle de nonne qui pourrait rapidement virer camp, s’en sort avec une précision remarquable. S’il demeure imparfait, Small Things Like These est un drame solide qui reste assez fidèle à la retenue du matériau d’origine : derrière le grand drame historique, une humble fable sur la bonté.

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par Nicolas Bardot

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