Critique : Seule à mon mariage

Pamela, jeune Rom insolente, spontanée et drôle, s’embarque vers l’inconnu, rompant avec les traditions qui l’étouffent. Elle arrive en Belgique avec trois mots de français et l’espoir d’un mariage pour changer son destin et celui de sa fille.

Seule à mon mariage
Belgique, 2018
De Marta Bergman

Durée : 2h01

Sortie : 17/04/2019

Note :

ET MAINTENANT ON VA OÙ ?

Avec ses grosses robes à fleurs et sa chevelure d’un roux pétaradant, Pamela ne se sent pas à sa place dans son village roumain enseveli sous la neige. La malédiction qu’elle cherche à fuir, c’est de se retrouver « seule à son mariage » (le titre vient d’une chanson traditionnelle rom) : un mauvais mariage sans horizon pour elle ou son bébé. Avec un appétit d’ogresse prête à avaler les frontières, elle se jette bille en tête dans un pari fou : quitter du jour au lendemain ses piètres prétendants et partir trouver le grand amour très loin.

Avec la France ou la Belgique en tête, la bouche de Pamela déborde déjà des quelques mots de français qu’elle répète en boucle (« l’amour toujours »), bégayant comme dans un élan de panique ou d’enthousiasme, on ne sait plus très bien. Quelques courtes scènes plus tard et Pamela débarque bel et bien en Belgique, illico mariée à un prétendant inconnu sélectionné en ligne, un vieux garçon solitaire et casanier. L’ouragan Pamela pose ses valises, reprend son souffle… et maintenant on fait quoi ? Comment donner vie à une histoire d’amour quand on ne partage ni la même langue ni la même culture ? Comment être bien sûr ne pas être seule dans son mariage ?

Dans sa première partie, l’approche de la réalisatrice Marta Bergman, d’un hyper réalisme presque documentaire, captant à la volée les élans de son héroïne. Mais lorsque cette dernière se retrouve obligée de ralentir le rythme, le film change discrètement de peau. Face à un mari à la position ambiguë (personnage passionnant), Pamela doit apprendre les règles d’un nouveau jeu (une nouvelle langue, un nouvelle manière de son comporter et d’être amoureuse). La finesse d’écriture du film tient dans l’émouvant parallèle qui est ainsi fait entre la carte d’Europe que Pamala a traversée sans crainte, et la carte du tendre dans laquelle elle avance encore à tâtons maladroits. Le film perd de son rythme en cours de route, mais jusqu’à la fin, le charisme de la jeune Alina Serban est de ceux qui mettent un tigre dans le moteur.

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par Gregory Coutaut

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