Festival Premiers Plans | Critique : Riverboom

Un an après les attentats terroristes du 11 septembre, le jeune journaliste Claude Baechtold se retrouve en zone de guerre, en Afghanistan. Contre son gré, l’antimilitariste romand se retrouve embarqué par deux reporters intrépides dans un tour complet du pays. Muni d’une caméra vidéo achetée au bazar de Kaboul, il va les suivre pendant deux mois dans un périple risqué.

Riverboom
Suisse, 2023
De Claude Baechtold

Durée : 1h39

Sortie : prochainement

Note :

BOOM-BADABOUM

L’histoire racontée par Riverboom est inouïe : il s’agit du road-trip de trois jeunes reporters autour de l’Afghanistan, au lendemain des attentats du 11 septembre. Leurs aventures vont être particulièrement rocambolesques, et comme si ça ne suffisait pas, la raison pour laquelle le film ne voit le jour que maintenant est parfaitement absurde : ces images ont été immédiatement perdues, puis retrouvées 20 ans plus tard. Riverboom semble être un indéniable crowd-pleaser à en croire l’accueil extrêmement chaleureux qui lui a été réservé par le public de Premiers Plans d’Angers. Malheureusement le film est, à nos yeux, assez discutable.

Dès le début de Riverboom, une musique rock et cool est appliquée sur les images d’un des avions s’écrasant sur le World Trade Center en 2001. Sans faire de la moraline, peut-on vraiment, même quelques instants, utiliser des images réelles d’attentats en ajoutant une bande son à la Tarantino et en incluant celles-ci dans un montage pop ? Plus tard, le cinéaste évoque l’« Afghanistan à genoux » et illustre son propos… avec un homme amputé de ses jambes, dans une rue afghane. Voilà qui nous semble, au mieux, maladroit, au pire, assez dégoûtant. Un peu comme des blagues potaches qui feraient mieux de rester privées, surtout quand on est plus mature d’une vingtaine d’années.

Le documentaire fait néanmoins preuve d’une très efficace générosité. La manière dont Claude Baechtold (jeune suisse très sage élevé à Rondo Veneziano et plongé sur des pistes dangereuses ou dans des tunnels empoisonnés), joue sur des antagonismes culturels – voilà qui constitue un moteur de comédie qui fonctionne. L’ample film d’aventures rencontre le conte, et constitue parfois un bel hommage au travail des reporters de terrain et de guerre. Si le film parvient à raconter quelque chose du lieu, de son contexte et des enjeux (qu’il s’agisse de l’Afghanistan anciennement progressiste, du financement du djihadisme par l’Occident, de l’intervention occidentale comme une vaste blague), le ton appuyé semble être le vrai protagoniste du film. Les collages mdr, les musiques ironiques, la voix-off maline, tout cet attirail cherchant en permanence la distance cool peut finir par installer une distance tout court.

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par Nicolas Bardot

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