Critique : Paula

Paula a 11 ans. L’école l’ennuie et elle n’a qu’un seul ami, Achille. Son père lui fait une surprise : ils vont passer l’été dans la maison de ses rêves au bord d’un lac. Mais le temps file, l’automne approche et ils ne rentrent toujours pas.

Paula
France, 2023
De Angela Ottobah

Durée : 1h38

Sortie : 19/07/2023

Note :

AU DIABLE VERT

Premier long métrage de la Française Angela Ottobah, distingué lors de sa première mondiale il y a quelques jours au Festival Nouvelles Vagues de Biarritz, Paula semble débuter comme bien des récits d’apprentissages féminins et estivaux. Mais si la cinéaste utilise certains archétypes, c’est pour, peu à peu, aller vers davantage de singularité et d’étrangeté. Il y a ici des motifs de conte familiers et assez évidents : un adorable lapin, des bois mystérieux, une maisonnette isolée, la possibilité d’un ogre… Mais à l’apparente légèreté, à ce qu’on pense avoir identifié, succèdent une noirceur et un trouble assez inattendus.

Sans qu’il ne s’agisse à proprement parler de non-dit, la cinéaste, en quelques scènes et quelques détails, en dit suffisamment sur ce qui a pu se dérouler avant. Cette économie (et qualité) d’écriture nous plonge dans l’instant, tout comme cette mise en scène mobile, qui s’attache autant aux fragments de corps qu’aux visages. Paula se retrouve à passer des vacances auprès de son père. Autour d’elle, non pas un camping domestiqué mais tout un monde mystérieux à explorer. Auprès d’elle : un père d’abord fantaisiste et immature, joué avec une tension inquiétante et ambiguë par Finnegan Oldfield.

Dans le vert poisseux et menaçant de la forêt, Paula décrit une relation père-fille toxique, et un hygiénisme aliénant qui cache quelque chose. L’objectif se resserre peu à peu de cette relation père-fille vers sa solitude à elle : Ottobah raconte la perte de l’innocence, l’angoisse et la tristesse qui l’accompagnent. C’est aussi par le point de vue de Paula sur ce qui l’entoure qu’on ressent ce qui la fait grandir. Si le film reste parfois timide, son aspérité, son interprétation (notamment par la jeune Aline Helan-Boudon) et sa bande sonore (qu’il s’agisse du travail sur le son ou de la musique signée Rebeka Warrior) sont remarquables.

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par Nicolas Bardot

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