Critique : Nadia, Butterfly

A 23 ans, Nadia prend la décision controversée de se retirer de la natation professionnelle et de s’affranchir d’une vie de sacrifices. Après une dernière course, les excès cachés du Village olympique offriront à Nadia un premier souffle de liberté. Mais à mesure qu’elle plonge dans l’inconnu, les doutes surgissent.

Nadia, Butterfly
Canada, 2020
De Pascal Plante

Durée : 1h46

Sortie : 04/08/2021

Note :

RIEN QUE DE L’EAU

Nadia, la vingtaine, a déjà décidé de prendre sa retraite. Nadia est nageuse, une discipline dans laquelle être toujours dans le bassin à 30 ans semble considéré comme une anomalie. Et puis Nadia, de compétition en compétition, a déjà vu le monde entier. Mais que connaît-elle vraiment du monde à part ses piscines ? Y a-t-il un autre horizon pour elle que de se plonger dans l’eau froide dès 5 heures du matin et répéter inlassablement les mêmes mouvements ?

Le récit sportif mis en scène par Pascal Plante (qu’on a pu découvrir avec l’attachant Les Faux tatouages) a pour première qualité de s’éloigner des formules habituelles : des ces histoires stéréotypées de dépassement de soi vers la victoire ou au contraire de ces portraits de perdants magnifiques. Nadia n’est pas une perdante. Nadia a assez gagné. Et elle veut passer à autre chose. Ce film d’une grande humanité est servi par une aisance naturelle dans les scènes dialoguées. Nadia, Butterfly montre un quotidien ultra-codé, d’entrainements en régime calibré, mais le film s’attache au moment où l’on lâche finalement prise, où les sentiments débordent et noient la machine.

Avant d’affronter sa nouvelle vie, Nadia est plongée dans un autre monde. Les JO auxquels elle participe n’ont pas lieu au Canada, aux États-Unis, ou même en Europe, mais au Japon où la jeune femme se retrouve encore plus naturellement lost in translation. Dans une dimension parallèle où Tokyo 2020 a réellement eu lieu, ou seule dans une salle d’arcade aux lumières qui crépitent. La natation est mise en scène comme jamais dans Nadia, Butterfly, à l’image d’une première partie où l’on a le sentiment de suivre la plus réaliste des compétitions – Plante, lui-même, a été nageur de haut niveau, et son actrice, la très convaincante Katerine Savard, a été médaillée olympique. Mais après les battements en papillon dans le chlore, le cinéaste donne à voir avec nuance un personnage attachant (alors qu’il ne cherche jamais à la rendre facilement attachante), qui a davantage nagé que marché dans la vie, et qui se lance dans un tout autre grand bain.

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par Nicolas Bardot

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