Critique : De bas étage

Mehdi, la trentaine, est un perceur de coffres de petite envergure. Avec ses complices, il tente de s’en sortir mais leurs cambriolages en zone industrielle ne payent plus comme avant et les quelques alternatives professionnelles qui s’offrent à lui ne le séduisent pas. En pleine remise en question, il tente de reconquérir Sarah, mère de son fils d’un an qu’il adore.

De bas étage
France, 2021
De Yassine Qnia

Durée : 1h27

Sortie : 04/08/2021

Note :

PARTIE D’ÉCHECS

Mehdi surveille quelque chose mais quoi ? On ne le sait pas immédiatement dans De bas étage, on finit par le découvrir – et c’est une position dans laquelle on retrouvera à plusieurs reprises le héros de ce premier long métrage réalisé par le Français Yassine Qnia. Mehdi surveille son ex, surveille un endroit qu’il s’apprête à cambrioler. Mehdi regarde beaucoup, essentiellement ce qu’il ne peut pas avoir. Dans le film, un pano balaie la ville, on distingue la Tour Eiffel au loin et c’est bien de cela qu’il s’agit : tout semble trop loin et inatteignable pour le personnage principal.

Mehdi se décrit comme un mec à l’ancienne, mais c’est un confortable euphémisme pour parler d’un perdant. Mehdi vit chez sa mère mais n’est plus un jeune étudiant, et ses plans semblent systématiquement foireux. Mehdi est amoureux, mais ça n’est en rien une excuse pour traiter son ex comme il le fait. En évitant d’être complaisant vis-à-vis de son personnage principal, Yassine Qnia donne une aspérité bienvenue au récit qui ne s’empêtre pas dans les figures retapées du loser magnifique.

Le film se distingue d’ailleurs par sa qualité d’écriture. Son économie parvient à poser un personnage, une dynamique et un milieu social en quelques scènes. Un décor de troquets, de billards et de kebabs. Une nuit qui enveloppe les protagonistes. De bas étage est également servi par la qualité de ses interprètes, Soufiane Guerrab et Souheila Yacoub en tête, charismatiques et nuancés. Le film sait jongler avec ses ambivalences et, lorsqu’il dépeint l’échec social comme une honte, trouve le bon équilibre entre la dimension pathétique et l’attachement à son antihéros.

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par Nicolas Bardot

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