Critique : Mi vacío y yo

Raphi, qui travaille dans un call centre à Barcelone, rêve de trouver l’amour – mais les choses ne sont pas si faciles. Une thérapeute lui diagnostique une dysphorie de genre.

Mi vacío y yo
Espagne, 2022
De Adrián Silvestre

Durée : 1h38

Sortie : –

Note :

VOILA QUI JE SUIS

« Comment vous définissez-vous ? ». Lorsque Raphaëlle se rend chez une thérapeute, elle est encore une jeune personne remplie de doutes. C’est peut-être le premier cliché déjoué par Mi vacío y yo : le film n’est pas tant le combat d’une personne trans qui avance bille en tête et seule contre toutes et tous – c’est l’histoire de quelqu’un qui doute, en premier lieu d’elle-même. Les questions, certes enveloppées de bienveillance, ont de l’avance sur elle qui n’a pas encore réponse à tout.

Le réalisateur Adrián Silvestre a coécrit son scénario avec son actrice, Raphaëlle Perez ; script qui a été préparé après avoir collaboré pendant des années avec des groupes de femmes trans. De fait, le film examine finement la pression sociale subie, l’écrasante attente des autres et tout ce que des personnes cis peuvent renvoyer. Mi vacío y yo raconte aussi cela : comment trouver sa propre identité et entendre sa propre voix quand tout, autour de vous, définit ce que vous devez être.

« C’est à toi de décider » entend-on, « la légitimité, c’est toi qui la décides » dit-on plus tard. Mi vacío y yo est un récit galvanisant d’émancipation et d’empowerment, bien sûr – mais le film est plus complexe qu’une machine à slogans. On est parfois d’accord pour ne pas être d’accord dans le long métrage, y compris entre personnes concernées. « Le corps est un lieu de discours social », comme on peut le lire lors d’une exposition visitée par les protagonistes. Silvestre et sa formidable actrice articulent ce discours avec complexité. Si le dernier segment « théâtral » est peut-être trop littéral dans ce qu’il a à dire sur l’identité, la justesse de l’écriture est aussi mise en valeur par la simplicité charmante de la mise en scène.

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par Nicolas Bardot

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