Festival de Toronto | Critique : La Caja

Un adolescent mexicain entreprend de récupérer les restes de son père, mais il est aspiré dans les bas-fonds d’une industrie manufacturière…

La Caja
Mexique, 2021
De Lorenzo Vigas

Durée : 1h32

Sortie : –

Note :

VOYAGEUR SANS BAGAGE

Un jeune garçon prend le car pour traverser le désert. Il a été convoqué pour venir récupérer la dépouille de son père, retrouvé loin de leur village d’origine. Le comment et le pourquoi du décès de ce dernier ne sont pas évoqués. Aucun flashback ne vient extraire le film du présent, ne vient dévier du visage du jeune protagoniste, qui a l’air de porter sur ses épaules le poids du ciel immense qui plane au-dessus de lui. Un ciel au bleu éclatant, mais dont on soupçonne qu’il pourrait lui tomber sur la tête à n’importe quel moment.

La boîte dont il est question dès le titre du film, c’est celle dans laquelle ont été placés les restes de son père. Trop petite pour être un cercueil normal (dont elle a pourtant la forme), évoquant donc une mort particulièrement brutale, celle-ci est également trop grande pour être facilement transportée à pied. La métaphore du bagage trop encombrant n’a pas besoin d’être surlignée, elle est déjà évidente dès la première scène du film, où le jeune protagoniste tourne en rond dans une cage pourtant laissée ouverte.

On avait découvert le vénézuélien Lorenzo Vigas à la Mostra de Venise il y six ans, lorsqu’il était devenu le tout premier cinéaste d’Amérique Latine à remporter le Lion d’or. C’était avec Les Amants de Caracas (Desde alla en VO), brillant conte queer dont l’ambiguïté intranquille pouvait à tort passer pour un malaise complaisant (un amalgame accentué par la présence du Mexicain Michel Franco à la production, ce qui est à nouveau le cas ici). Plus facile d’accès, La Caja donne l’impression de respirer davantage, et le rues grouillantes de Caracas laissent ici place à des plaines infinies particulièrement mises en valeur à l’image, mais c’est peut-être aussi simplement que le film respire de façon plus conventionnelle.

Le jeune héros s’attache à un homme plus âgé qui a – peut-être bien que oui, peut-être bien que non – connu son père. Peut-être l’a-t-il même tué? Cette ambiguïté, qui est au cœur des enjeux du scénario, mériterait de crever l’écran de façon plus cuisante, même si on la retrouve certes à travers la banale violence de quelques dialogues. Pourtant co-écrit par Paula Markovitch (El premio), le film reste un peu trop figé dans quelque chose d’artificiel, et se perd un peu dans une intrigue parallèle. Davantage de trouble n’aurait pas été de refus, quitte à risquer de prendre le film plus dur. Néanmoins, ce que La Caja perd en ambivalence, il le gagne en accessibilité.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article