Festival de Rotterdam | Critique : Kim Min-young of the Report Card

Jeonghee, 20 ans, a abandonné ses études et travaille à mi-temps. Elle retrouve Minyoung, avec qui elle partageait sa chambre lorsqu’elle était étudiante. C’est la première fois depuis quelque temps que Jeonghee revoit son amie et elle espère s’amuser avec elle comme auparavant. Mais Minyoung est très occupée par ses études et ne voit pas la visite de Jeonghee d’un bon œil…

Kim Min-young of the Report Card
Corée du Sud, 2021
De Lee Jae-eun & Lim Jisun

Durée : 1h34

Sortie : –

Note :

SEULES AU MONDE

Voilà, c’est fini : alors que les choses sérieuses vont commencer pour trois jeunes amies étudiantes, celles-ci décident de dissoudre leur club de poésie. La vie est aussi simple que cela, comme une liste à suivre, un guide de résolutions – c’est décidé et acté. Mais rien n’est vraiment immédiat dans Kim Min-young of the Report Card, premier long métrage des Coréennes Lee Jae-eun et Lim Jisun. Un peu comme les désillusions, qui s’invitent petit à petit.

« Avons-nous seulement un futur ? », questionne une animatrice dans le long métrage. La manière prête à sourire mais la question se pose réellement chez les jeunes héroïnes. Et différemment pour chacune : l’une part étudier à Harvard, l’autre étudie en Corée, la dernière laisse tomber et trouve un improbable travail à mi-temps dans un club de tennis. Pour utiliser une métaphore sportive, Lee et Lim ne pratiquent pas vraiment un tennis d’attaquantes dans leur film – plutôt un jeu de fond de court mais avec beaucoup d’effets dans leurs balles.

En effet humble et simple, Kim Min-young of the Report Card n’a d’abord l’air de rien même si le film est tout à fait sympathique. Sa profondeur ne se dévoile que progressivement. Il y a de la fantaisie dans cette mélancolie (à moins que ça ne soit l’inverse) et il y a surtout un rare talent d’écriture pour être dur sans être cruel. C’est l’un des subtils tours de magie opérés par ce film toujours doux, toujours amer. Une soirée d’automne à la lumière orange contient en elle autant de grâce que de tristesse.

Dans Kim Min-young, les jeunes héroïnes ont besoin d’attendre que la lumière soit éteinte pour éclater de rire. Il y a bien des sentiments cachés et enfouis dans le long métrage (comme le secret enterré dans le dernier plan), qui traite avec finesse d’un sujet plutôt rare : la rupture non pas sentimentale mais amicale. Jung-hee, dont les plans semblent successivement tomber à l’eau à un âge censé être celui de tous les possibles, est le rôle le plus payant. Sa valise n’est jamais vraiment défaite, ses jeux un peu enfantins restent en plan par terre. Le film dépeint avec subtilité une insidieuse angoisse à travers des motifs apparemment mignons ; comme le désir de vivre quelque part au cœur de la forêt, dans un endroit que Jung-hee a dessiné. On ne sait pas si un tel lieu existe, mais on sait qu’elle s’y retrouve seule.

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par Nicolas Bardot

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