Critique : In Between Dying

Davud cherche un sens à sa vie. En l’espace d’une journée, il se retrouve impliqué dans plusieurs incidents provoquant la mort des personnes qu’il croise.

In Between Days
Azerbaïdjan, 2020
De Hilal Baydarov

Durée : 1h28

Sortie : –

Note :

DÉLIT DE L’ÉMOI

On avait découvert le réalisateur azéri Hilal Baydarov l’an dernier à l’excellent Festival des 3 continents avec When the Persimmons Grew, un documentaire particulièrement âpre mettant en scène un dialogue entravé avec sa propre mère. C’est également sur une engueulade mère/fils que s’ouvre sa nouvelle fiction, prestigieusement sélectionnée à la fois à Toronto et à Venise. Il faut dire que Baydarov bénéficie cette fois du soutien d’un parrain de poids en la personne de Carlos Reygadas, qui officie ici comme producteur.

Baydarov partage avec le cinéaste mexicain un goût pour l’allégorie et l’ascétisme, une visible admiration pour Bresson et Tarkovski, ainsi qu’une grandiloquence hélas pas toujours très éloignée de la pédanterie. In Between Dying raconte la quête existentielle et morale de son protagoniste mâle en souffrance. Quête traduite par des images contemplatives (euphémisme) de champs brumeux où errent des symboles tels un cheval blanc, une femme nue dans une tombe, ou une enfant Rage, le tout souligné par élégie d’une voix off sentencieuse, peut-être récitée par la Mort elle-même.

Ce que Baydarov ne possède pas encore, c’est la majesté des images de Reygadas. Il n’est certes pas obligatoire qu’un film soit beau à regarder, mais cela aurait pu faire passer un peu moins amèrement cette pilule déjà lourde de sérieux. In Between Dying n’a pas peur d’y aller avec le dos de la cuillère, quitte à être difficilement aimable, quitte à prêter le flanc au risible quand les morts absurdes s’enchainent autour de Davud. Mais le jusqu’au-boutisme, comme l’absence de peur du ridicule, est aussi une qualité puissante chez un artiste, et In Between Dying distille malgré tout sa propre poésie brute.

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par Gregory Coutaut

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