La Roche-sur-Yon | Critique : I Carry You With Me

À Mexico, Iván, aspirant cuisinier, rencontre un soir le professeur Gerardo. Cette relation changera leur vie et amènera Iván à tenter de passer la frontière vers les États-Unis.

I Carry You With Me
États-Unis / Mexique, 2020
De Heidi Ewing

Durée : 1h51

Sortie : –

Note :

AUPRÈS DE MOI TOUJOURS

Le titre I Carry You With Me (qu’on pourrait traduire par « tu es toujours auprès de moi ») peut s’adresser à de nombreux personnages du film réalisé par l’Américaine Heidi Ewing. Primé au Festival de Sundance en début d’année, le nouveau long métrage de la réalisatrice de Jesus Camp présente des protagonistes qui pour certains cumulent les discriminations : pauvres, racisés et queer. Il est beaucoup question d’empathie, de solidarité, d’entraide dans I Carry You With Me, et de ce que les personnages emmènent avec eux dans un coin de leur tête. Mais il est aussi beaucoup question de marasme économique, de haine raciste et d’ultra-homophobie. Comment survivre et se soutenir dans un tel monde ?

Le film, émouvant, parvient avec fluidité à varier les registres. De l’ultra-romanesque à la vérité nue, Ewing fait preuve d’un très grand talent de narratrice. C’est ce même talent qui lui permet de mêler différentes couches de temporalités qui sont autant d’épaisseurs ; ses personnages sont profonds, respirent, et ne sont pas caractérisés façon monochrome contrairement à de trop nombreux drames sociaux.

Il y a dans I Carry You With Me un gigantesque changement de paradigme dans l’écriture – qu’on ne vous dévoilera pas. Mais ce parti-pris gonflé tente de créer un vertige aussi fort que celui qu’on peut ressentir lorsque l’on change complètement de vie. Quand Heidi Ewing raconte un nouveau monde, elle ne le fait pas à moitié. Et cette ambition de cinéma est au service d’un film au poignant propos politique.

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par Nicolas Bardot

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