IDFA | Critique : How Do You Spell Home ?

Juneco est un centre social en Belgique qui héberge et accompagne 15 réfugiés mineurs jusqu’à l’âge de 18 ans. Dans ce centre multiculturel, les jeunes s’intègrent, grandissent sans leur famille et des amitiés se nouent.   

How Do You Spell Home ?
Belgique, 2023
De Louisiana Mees-Fongang

Durée : 1h26

Sortie : –

Note :

LE CHEMIN DE LA MAISON

Lors d’une scène du documentaire How Do You Spell Home ?, dévoilé en première mondiale à l’IDFA, on peut voir les jeunes protagonistes du film se promener dans un parc d’attractions où des villes européennes sont reproduites en maquettes miniatures. C’est tout un monde à leurs pieds, découvert au fil d’une déambulation ludique. Au tout début du long métrage, un périple est raconté en parcourant simplement une carte sur internet. Mais pour ses jeunes réfugié.e.s, la réalité est évidemment plus dure et plus complexe.

La réalisatrice belge Louisiana Mees-Fongang dépeint le quotidien à Juneco, un centre d’accueil basé en Flandres et où sont réunies des jeunes personnes qui ont dû fuir l’Erythrée, le Sri Lanka ou l’Afghanistan. C’est un lieu où des sujets terribles sont abordés avec de jeunes enfants, c’est un refuge, c’est aussi un monde avec ses règles. Les gamins viennent de partout mais le film souligne le partage généreux, notamment entre les jeunes – le temps d’une musique, ou d’une séance de vernis à ongles. Au-delà du quotidien trivial, quel horizon propose t-on à ces jeunes pour qui rien n’est sûr après leurs 18 ans, âge auquel Juneco ne peut plus les accueillir ?

« Je n’y retournerai pas », annonce bille en tête une adolescente ayant fui le Sri Lanka. Les échéances, pourtant, approchent. Mees-Fongang raconte un point de vue qu’on pourrait qualifier d’enfantin, où tout est à faire et tout est possible – j’irai ici, ou là. L’impitoyable réalité laisse moins d’espace mais il y a une force de vie galvanisante chez les jeunes protagonistes. Louisiana Mees-Fongang n’édulcore pas la violence ; on pense notamment à l’image bouleversante d’une gamine parée comme pour une grande célébration et qui attend en larmes à l’aéroport. Le film se penche avec subtilité et douceur sur ces fleurs perdues dans la pénombre d’un vaste jardin, comme le suggèrent plusieurs plans du film. Pour elle et eux, la dernière scène l’indique : le ciel, et même le cosmos, sont la seule limite.

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par Nicolas Bardot

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