Festival de Rotterdam | Critique : Gagaland

Boy K, un garçon d’une petite ville, fuit son travail à l’usine et tombe sur un groupe de jeunes qui dansent dans la rue, à la recherche de likes et de partages. C’est la danse « gaga » : une forme de freestyle fougueux dont Pink Hair est le roi. Boy K devient rapidement l’étoile montante de l’équipe de Pink Hair, amassant des milliers d’abonnés. Va-t-il gagner l’affection de son amie danseuse B Girl, ou bien causer des problèmes dans son gang – et dans le monde souterrain de la danse gaga ?

Gagaland
Chine, 2023
De Teng Yuhan

Duré : 1h25

Sortie : –

Note :

VOYEZ COMME ON DANSE

Gagaland, premier long métrage du cinéaste chinois Teng Yuhan, possède un récit doublement archétypal. Son jeune protagoniste va en effet passer de la misère à la gloire en se découvrant un talent insoupçonné pour la danse, et ce faisant il va également faire la conquête d’une fille a priori trop bien pour lui. Ce pitch est pourtant la seule chose de vraiment prévisible ou familière dans ce film visuellement explosif, qui plonge ces images d’Epinal dans le contexte contemporain des applis vidéos et autres réseaux sociaux hyper populaires.

L’amour, l’argent et la gloire, le protagoniste va les atteindre grâce à des vidéos virales où il révèle sa maitrise de la danse Gaga. Il lance alors une mode nationale aux dimensions épiques, alors même que cette danse improvisée est complètement saugrenue. Gagaland a la bonne idée d’inclure régulièrement ces vidéos-là telles quelles, dans leur format d’origine capté par téléphone, et remixées avec d’innombrables filtres, fenêtres de dialogues et autres effets de mise en scène qu’on a l’habitude de voir sur nos écrans portables et pas du tout sur celui d’un cinéma. Qu’il soit comique ou purement esthétique, leur effet est intense et immédiat.

Ces scènes de folie kaléidoscopique impactent d’autant plus que le reste du film est d’une forme beaucoup plus bancale, à tel point qu’on se demande parfois presque si le mixage sonore était bel et bien fini sur la copie rendue au Festival de Rotterdam. Le liant narratif n’est pas le point fort de Gagaland, et qui sait s’il n’aurait pas trouvé la mesure plus juste de son ambition immersive et de son basculement documentaire (une autre surprise pas banale) en prenant la forme d’une installation vidéo ? Tantôt bondissante ou claudicante, Gagaland demeure une drôle d’expérience.

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par Gregory Coutaut

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