Critique : Elaha

Elaha, une jeune femme d’origine kurde de 22 ans, cherche par tous les moyens à faire reconstruire son hymen pensant ainsi rétablir son innocence avant son mariage. Malgré sa détermination, des doutes s’immiscent en elle. Pourquoi doit-elle paraître vierge, et pour qui ? Alors qu’un dilemme semble inévitable, Elaha est tiraillée entre le respect de ses traditions et son désir d’indépendance.

Elaha
Allemagne, 2023
De Milena Aboyan

Durée : 1h50

Sortie : 07/02/2024

Note :

VIERGE SOUS SERMENT

Lors de la première scène d’Elaha, la jeune héroïne éponyme danse et danse dans une salle des fêtes et il semble clair qu’il s’agit de son mariage. Ça n’est, en réalité, pas le cas, mais peu importe : Elaha danse si elle le souhaite, au grand dam de sa mère qui ne manque pas de lui asséner un cinglant « Tu ne peux pas te contrôler un peu ? ». Elaha, premier long métrage de l’Allemande Milena Aboyan qui fut dévoilé à la Berlinale et qui figure cette semaine en compétition à Angers, est effectivement un film sur le contrôle : celui du corps féminin soumis aux règles patriarcales.

Aboyan dépeint avec attention le carcan qui enserre Elaha, alors que cette dernière prépare elle-même son futur mariage. Son mariage, ou plutôt celui qu’on lui a réservé – robe et appartement semblent déjà presque prêts. La cinéaste raconte la cellule familiale toxique, l’absence d’intimité, mais pourtant Elaha ne vit pas en vase clos. Sur les téléphones sont diffusées les images des manifestations iraniennes, et retentissent les « Femme, vie, liberté ! ». Le film n’est pas tant sur les origines (ici, kurdes) de l’héroïne et de sa famille, et son propos féministe est plus universel.

Le long métrage, à nos yeux, demeure un peu trop scolaire : la mise en scène ne semble être là que pour illustrer le scénario, le récit programmatique manque d’imprévu, les regards lancés par l’héroïne à la caméra sont un peu appuyés. Il s’agit néanmoins d’une histoire solide et émouvante, au sujet fort, qui témoigne du savoir-faire de sa réalisatrice, et qui est portée avec conviction par sa jeune actrice, Bayan Layla.

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par Nicolas Bardot

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