Festival de San Sebastian | Critique : El sueño de la sultana

S’inspirant d’une nouvelle de science-fiction féministe écrite au Bengale en 1905, Inés entreprend un voyage à la découverte de l’Inde, à la recherche de Ladyland, la terre utopique des femmes.

El sueño de la sultana
Espagne, 2023
De Isabel Herguera

Durée : 1h26

Sortie : –

Note :

RÊVE ET RÉALITÉ

A l’origine d’El sueño de la sultana, il y a l’ouvrage écrit par l’Indienne Rokeya Sakhawat Hussain en 1905 et traduit en français par Rêve de sultane. La réalisatrice espagnole Isabel Herguera a découvert ce court récit de science-fiction féministe il y a une dizaine d’années et son premier long métrage (présenté compétition au Festival de San Sebastian) en est l’évocation. Son héroïne, une jeune artiste espagnole nommée Inés, part en effet en Inde à la recherche du Ladyland, le monde utopiste et féministe décrit par l’autrice dans son livre.

Au lieu d’enfermer les femmes pour, soi disant, les protéger, ce sont ici les hommes qui sont hors de l’espace public tandis que les femmes vivent en liberté. Le texte original date d’il y a plus de cent ans, celui-ci se projette dans la science-fiction, et pourtant ces questionnements restent des préoccupations parfaitement actuelles, notamment pour la jeune héroïne. Celle-ci traverse le miroir telle une Alice mais la fantaisie dépeint des sentiments et des enjeux bien réels. Isabel Herguera chérit une séduisante dimension mystérieuse dans son long métrage, mais son scénario se montre parfois décousu à nos yeux et manque peut-être de direction.

El sueño de la sultana profite néanmoins de cette liberté narrative : ses différents récits peuvent être rêvés, chantés, être des contes de cinéma. Cette liberté se ressent également, et c’est la grande réussite du long métrage, dans son impressionnante animation. Isabel Herguera utilise différentes techniques qui vont de l’aquarelle au papier découpé en passant par une surprenante utilisation du henné. Le résultat est d’une richesse et d’une ambition visuelle remarquables, et participe à rendre le film imprévisible. A la dimension politique d’El sueño de la sultana se mêle une poésie d’une grande inventivité.

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par Nicolas Bardot

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