Festival de Sundance | Critique : Dual

Dans un futur proche. Sarah découvre qu’elle est atteinte d’une maladie incurable. La jeune femme contacte alors un institut qui va fabriquer un clone d’elle afin d’apaiser la peine de ses proches…

Dual
États-Unis, 2022
De Riley Stearns

Durée : 1h35

Sortie : –

Note :

ME AND MY

On avait découvert le cinéaste américain Riley Stearns avec sa fable absurde et décalée Faults, programmé à L’Étrange Festival en 2014. Le voici cette année en compétition à Sundance avec Dual, un récit encore plus absurde et encore plus décalé, à l’image de sa curieuse scène d’ouverture : un duel au combat, rituel sorti du passé et pourtant projeté ici dans un futur glacé. Dual se déroule dans un avenir proche qui ressemble comme deux gouttes d’eau au nôtre. Le futur est aussi gris que le présent : c’est déjà un gag (visuellement, Dual est un peu l’anti-After Yang) et c’est déprimant au possible en même temps. Voilà justement lancé le ton du film : froid mais riche de détail absurdes, et d’une cruauté divertissante.

Sarah ne pète pas la forme. Son mari étant en déplacement professionnel, elle mate du porno sur son ordi en picolant, quand elle ne tousse pas du sang. Le masque pince-sans-rire de l’actrice Karen Gillan fait merveille dans ce rôle de clown dépressif. Mais Sarah va encore plus mal en réalité puisqu’elle est atteinte d’une maladie incurable. Une technologie scientifique avancée lui permet alors de se cloner sans délai, et même d’apprendre à son double à prendre sa future place après son décès (un point de départ pas si éloigné du Alps de Yorgos Lanthimos). Même avec cette promesse d’avenir, Sarah continue d’errer au dernier stade de la déprime, et pourtant ce sont surtout les gens autour d’elle qui ont déjà l’air de robots.

La première partie de Dual dépeint avec une morsure givrée un monde où l’humanité disparait peu à peu. L’idée est prise au pied de la lettre quand Sarah découvre que tout son entourage a pris de l’avance sur elle et l’a déjà remplacée par son clone qu’ils estiment supérieure en tout point. Rejetée de sa maison, de son couple et de sa famille, Sarah va devoir lutter pour retrouver sa place d’humaine. La seconde partie du film, plus terre à terre et longuette, ne réitère pas la plaisante surprise de la mise en place et peine à transcender sa très bonne idée scénaristique. Le film, plutôt plaisant, laisse l’impression d’être plus prometteur qu’abouti.

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par Nicolas Bardot

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