Festival de Films de Femmes de Créteil | Critique : Camping du lac

Éléonore roule vers l’ouest. Elle tombe en panne en plein milieu de la Bretagne. Elle y loue un bungalow, dans un terrain de camping avec vue sur le lac, dans lequel, dit-on, vit une bête légendaire.Contrainte à la flânerie dans ces lieux isolés, elle découvre ses habitants, puis les touristes qui s’installent avec la canicule. De mobil-home en mobil-home, elle observe le présent, convoque le passé et se laisse envahir par la fiction.

Camping du lac
Belgique, 2023
De Eléonore Saintagnan

Durée : 1h10

Sortie : 05/06/2024

Note :

PETITES VACANCES

« Il m’est arrivé un drôle de truc que je voulais vous raconter » : c’est une réplique que l’on entend au tout début de Camping du lac, et c’est évidemment une très bonne promesse de cinéma. Le premier long métrage de la Française Eléonore Saintagnan, dévoilé en première mondiale au Festival de Locarno, raconte un trajet entrepris vers l’ouest, et même le far-west (la Bretagne), avant qu’une panne ne fasse capoter les plans de l’héroïne (la cinéaste elle-même). Celle-ci trouve refuge dans un camping dont l’atmosphère bucolique pourrait sortir d’un Guillaume Brac.

L’imprévu ouvre les portes de l’imaginaire. Au gré de ses micro-pérégrinations, Eléonore entend des récits bibliques dans une église, puis des croyances légendaires au bord d’un lac. Quelle existence menait tel saint qui vivait ici ? Un équivalent breton du monstre du Loch Ness sommeillerait-il dans les mystérieuses profondeurs du lac ? Eléonore Saintagnan part du vrai-faux documentaire pour faire naître ses différents récits – la promenade dans ce lieu inconnu et pourtant familier est génératrice de fictions.

C’est, là encore, une promesse séduisante, et il y a effectivement un charme qui s’invite à l’ombre des arbres et derrière les bungalows. Mais ce qui devrait se déployer en fil de film, de contes en légendes, finit à nos yeux par se rétrécir et se recroqueviller. Les ritournelles d’un cowboy égaré là figent le film dans le pittoresque, et le merveilleux n’est finalement qu’effleuré. La légèreté du film n’est pas sans attrait mais elle peut aussi passer pour un manque d’incarnation et de profondeur.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article