Berlinale | Critique : Brief History of a Family

Dans la Chine post-enfant unique, une famille de la classe moyenne accueille le mystérieux nouvel ami de leur fils unique. Cela déclenche des tensions familiales enfouies à mesure que des secrets et des sentiments font surface, mettant à l’épreuve les liens et les attentes qui maintiennent la famille unie.

Brief History of a Family
Chine, 2024
De Jianjie Lin

Durée :1h39

Sortie : –

Note :

FILM D’EXPLOITATION

Par accident, Tu Wei blesse légèrement l’un de ses camarades de classe, Yan Shuo. Pour s’excuser, il l’invite à venir jouer aux jeux vidéo chez lui et à rester diner avec ses parents. Même si l’on devine qu’il n’appartient pas au même niveau social, Yan Shuo se fond aisément dans l’atmosphère toute en retenue de cet intérieur cossu où tout est méticuleusement rangé à sa place. Les parents de Tu Wei se montrent même admiratifs du calme de ce mystérieux garçon qui semble prendre ses études beaucoup plus au sérieux que leur propre fils, ce bon à rien. Les assiettes du diner n’ont même pas eu le temps d’être vidées et empilées (bien nettement et proprement, comme il se doit), que l’on devine qu’un grand dérèglement vient de se mettre en branle.

Quelle machination vient de s’enclencher derrière ces sourires polis et réservés ? Yan Shuo cherche-t-il à se faire adopter ? Les parents ont-ils une idée derrière la tête face à ce fils idéal ? Le scénario de Brief History of a Family plante une graine paranoïaque qui pousse dans plusieurs directions, laissant notre imagination répondre à la question « qui exploite qui ? ». Sans doute le film nous laisse-t-il d’ailleurs trop longtemps aux commandes. Car quand la véritable explication finit par arriver, elle se révèle moins folle que tout ce qu’on a eu le temps de fantasmer.

Certains trouveront peut-être comme nous qu’il manque à Brief History of a Family un grain de perversion ou de noirceur (à ce titre-là, on serait curieux de voir un remake coréen). A l’image de l’appartement familial, tout s’avère finalement bien rangé dans ce scénario. Mais le confort n’est pas forcément un défaut, car si le film se distingue, c’est aussi par le soin apporté à la dimension esthétique. Le travail sur les décors et les lumières crée ici des images léchées, d’une élégante richesse. Le résultat possède un savoir-faire qu’on aurait tort de bouder.

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par Gregory Coutaut

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