Festival de Busan | Critique : Because I Hate Korea

Gye-na déteste la Corée. Alors qu’elle approche de la trentaine, la jeune femme décide de tout abandonner et de partir vivre en Nouvelle-Zélande.

Because I Hate Korea
Corée du Sud, 2023
De Jang Kun-jae

Durée : 1h47

Sortie : –

Note :

VOIR DU PAYS

À l’origine de Because I Hate Korea, film d’ouverture du Festival de Busan, il y a le best-seller du Coréen Chang Kang-myoung édité en France en 2017 chez Philippe Picquier sous le titre Parce que je déteste la Corée. La voix-off des premiers instants de l’adaptation cinématographique signée Jang Kun-jae est très proche du texte original, parfois au mot près. Mais le climat général est assez différent : là où Chang avait une forme d’écriture très légère tout en laissant une place à des saillies mordantes sur la Corée et ses institutions, Jang a une approche plus tendre et mélancolique.

Jang a été découvert il y a une dizaine d’années avec le magnifique Sleepless Night qui racontait le simple quotidien d’un couple. Son minimalisme magique faisait merveille, et c’est à nouveau avec minimalisme que Jang dépeint le très grand chambardement qui bouleverse l’existence de son héroïne. Celle-ci est incarnée avec charisme et nuances par Ko A-sung, qu’on a déjà pu voir dans The Host et Snowpiercer de Bong Joon-ho, Une vie toute neuve de Ounie Lecomte, Un jour avec, un jour sans de Hong Sangsoo ou encore Office de Hong Won-chan.

Gye-na, à l’aube de sa trentaine, n’a guère de perspectives : son bullshit job ne lui laisse pas d’espoir, la différence de classe qui la sépare de son petit ami semble être une impasse, la vie est pénible dès la course au bus du petit matin et après tout, la Corée est championne du monde en matière de taux de suicide. Sans jamais avoir la profondeur d’un drame social, Because I Hate Korea dépeint une société cassée où la clef du succès n’est qu’une formule creuse pour guides de développement personnel.

Dans le roman de Chang, Gye-na quittait la Corée pour l’Australie. C’est encore plus loin qu’elle atterrit sous l’œil de Jang : en Nouvelle-Zélande. Mais le ciel y est-il si différent qu’en Corée ? La synthpop et le rock sentimental suggèrent une mélancolie qui suit l’héroïne, comme à chaque fois qu’elle regarde les avions dans le ciel. Rien ne semble avoir vraiment de prise sur elle, que ce soit dans ses souvenirs ou dans le présent. Cela peut aussi être le problème du film, qui parfois manque de plus de corps et de consistance. Mais Jang Kun-jae évite la lourdeur didactique des leçons de vie et laisse son héroïne dans un entre-deux plus subtil.

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par Nicolas Bardot

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