Critique : Augure

Après 15 ans d’absence, Koffi retourne au Congo pour présenter sa femme, enceinte, à sa famille. Considéré comme un sorcier par les siens, il rencontre trois autres personnages qui, comme lui, veulent s’affranchir du poids des croyances et de leur assignation. Seule l’entraide et la réconciliation leur permettront de se détacher de la malédiction qui les touche.

Augure
Belgique, 2023
De Baloji

Durée : 1h30

Sortie : 29/11/2023

Note :

BON PRÉSAGE

Artiste multidisciplinaire belge né en République démocratique du Congo, Baloji (lire notre entretien) a été remarqué en tant que metteur en scène avec l’excellent Zombies, un flamboyant court métrage afrofuturiste qui fut couvert de prix en festivals. Son premier long métrage, Augure, dévoilé à Un Certain Regard, s’inscrit dans la même veine. Le film prend assez vite ses distances avec le strict réalisme : l’introduction emprunte au conte ; le premier plan sur un nuage éveille l’imaginaire et l’on se demande déjà s’il s’agit d’un bon ou d’un mauvais augure qui plane mystérieusement sur les protagonistes.

« Ici c’est pas la même réalité » : cette phrase prononcée dans Augure pour décrire le décor où se déroule l’action semble définir le long métrage lui-même. Par son mélange de genres et de tons, par son point de vue imprévisible, Augure ne ressemble à rien d’habituel. Le portrait croisé de ses différents personnages s’inscrit autant dans le registre du fantastique paranoïaque que de la comédie. Ce sens du contraste est un beau numéro d’équilibrisme : le film peut avoir un côté pittoresque tout en ayant toujours un regard décalé sur ce qui pourrait être pittoresque, les touches d’humour sont bien là sans qu’elles ne soient envahissantes, et la dimension mystique crée un clash stimulant avec le réel.

Dans la blancheur du désert, les couleurs d’Augure chatoient plus qu’ailleurs. Celles-ci sont fortes et séduisantes – ce rose inattendu, cette nuit profonde baignée de néons multicolores. Cela se déploie, comme dans Zombies, par le soin apporté aux costumes – on verra difficilement un film plus stylé que celui-ci cette année. La dynamique du récit, la construction et la circulation entre les protagonistes constituent un autre élément libre et rafraichissant. Si Augure nous donne parfois l’impression de survoler ses enjeux dramatiques, Baloji fait preuve d’une générosité aussi réjouissante que prometteuse.

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par Nicolas Bardot

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