Festival Black Movie | Critique : 24

James, un preneur de son, se pose dans 24 lieux, enregistrant pour la postérité ce qui est vivant : des gémissements de plaisir, le bruissement des feuilles dans une forêt, un chant ancien, des conversations… Auditeur attentif, James suit son parcours comme dans un jeu de piste mystérieux. Chaque endroit visité est habité, et chaque plan permet une immersion dans une atmosphère intime d’une autre dimension.

24
Singapour, 2021
De Royston Tan

Durée : 1h16

Sortie : –

Note :

FAIS VOIR LE SON

Même s’il a tourné son premier long, 15, il y a bientôt 20 ans, le cinéaste singapourien Royston Tan reste relativement méconnu en France. Montrés pour certains à feu Deauville Asia, ses films sont peu visibles chez nous et c’est au Festival Black Movie de Genève que 24 fait sa première européenne, après avoir été dévoilé à Busan.

24 raconte en autant de tableaux le quotidien d’un preneur de son. Celui-ci tend sa perche dans le capharnaüm de la ville comme dans la paix limpide d’une jungle. S’enchainent des scènes dans un studio de doublage, sur les planches d’un opéra, dans une douche. Le film, et ça n’est pas une surprise, apporte un soin particulier au son – vous ne perdrez rien, lors du tournage d’un porno gay à la lumière léchée, du bruit de flap-flap des corps, des gémissements essoufflés ou des couinements du canapé.

Tan fait preuve d’un grand talent esthétique pour composer ses cadres, travailler la couleur et diriger le regard. Las, la structure (un enchainement de plans fixes dans lequel se situe l’antihéros comme pour une partie – très facile – de Où est Charlie ?) pourrait être ludique mais se révèle assez répétitive, mécanique et systématique. S’il est concis (1h16), le film manque de relief et semble paradoxalement trop long. Voilà pourtant un ovni régulièrement séduisant dont la dimension spirituelle – qu’on ne dévoilera pas – apporte au film une étrange poésie.

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par Nicolas Bardot

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