Festival de La Roche-sur-Yon 2019 : notre bilan

L’affiche de la dernière édition du Festival de La Roche-sur-Yon montre un astronaute assis au cœur d’une forêt. Clin d’œil aux personnages de l’univers spatial du collectif Meat Dept, dont les films et les dessins ont été à l’honneur dans une exposition ludique au centre du festival ? Cette image a également trouvé un écho chez plusieurs autres auteurs de cette édition. Films courts ou longs, documentaires ou fictions, un certain nombre de films ont en effet eu à cœur d’interroger la place des humains dans l’environnement (The Sasha, Tutto l’oro che c’é, Säsong, Earth, Light of My Life). Et comme toujours à La Roche-sur-Yon, ce questionnement a épousé les formes cinématographiques les plus diverses et hybrides.

Que le geste politique et le geste artistique aillent de pair avec grâce et enthousiasme, voilà un compliment que l’on a déjà fait au Festival. On peut le réitérer, car les sommets de cette dernière édition ont su combiner les deux de façon exaltante. Outre les films cités plus hauts, auxquels on peut ajouter les images hypnotiques du court As Told By G/d Thyself, ce fut bien sûr le cas du grand gagnant de cette année. Dans le monumental Vitalina Varela, Pedro Costa et son actrice principale ont composé une élégie nocturne qui transforme une communauté marginale en personnages de mythe. Quant à Pietro Marcello (lui-même ancien lauréat du Festival), il a signé avec Martin Eden une fresque historique et onirique à la fois.

Ce vertige entre le collectif et l’intime, ces émouvantes ruptures d’échelles entre l’individu et tout ce qui l’entoure, on a pu également les ressentir dans de nombreux films abordant de près ou de loin la thérapie. Elle est directement à l’écran dans Reconstructing Utoya et Arguments, présente dans l’origine même du projet Honey Boy, et elle déborde dans le joyeux puzzle verbal de X&Y (l’un des lauréats de la section Nouvelles Vagues). On pourrait presque ajouter à cette liste la catharsis à l’ironie noire de Midsommar, dont la version director’s cut inédite fut projetée à un public ronronnant de plaisir.

Les spectateurs furent justement nombreux cette année, plus encore que les éditions précédentes. Un succès mérité pour un Festival qui, année après année, sait stimuler et choyer son public. Des formes narratives les plus pointues aux avant premières prestigieuses : cette fois encore toutes les cinéphilies ont paru se réunir harmonieusement dans une sélection aussi tonique qu’éclectique. Une diversité symbolisée par la belle liste des invités de cette édition, issus de générations et de cinéphilies différentes, de Bulle Ogier à Adèle Haenel en passant par Bernard Menez.

Ce fut également la première édition du festival depuis qu’une large partie de son équipe s’occupe également de la Quinzaine. Le Festival n’a baissé ni en ambition, ni en qualité, ni en ouverture d’esprit, restant activement à l’écoute de ses spectateurs et ses invités, comme l’a montré l’organisation au débotté d’un débat sur la séparation entre œuvre et artiste – sur une suggestion d’Adèle Haenel. Le Festival de La Roche-sur-Yon n’a pas pris la grosse tête, et pour sa dixième année, c’est le festival qui nous a gâtés, et nous a fait passer un très bon anniversaire.

Retrouvez ci-dessous nos articles concernant cette 9e édition du festival.

Nos entretiens

« J’aime ce sentiment de panique » | notre entretien avec Bulle Ogier

« C’est par le son que surgissent l’étrangeté et le fantasme » | notre entretien avec Consuelo Frauenfelder et Stefan Lauper, réalisateurs de A la piscine

« Nous voulions montrer à quel point le Brexit était ridicule, mais nous ne voulions pas répéter ce que les gens voient dans les médias » | notre entretien avec Duncan Cowles et Ross Hogg, réalisateurs de Just Agree Then

« En arrivant chaque matin sur le tournage, on pleurait de joie dans les bras l’une de l’autre. Bon on pleurait de terreur aussi » | notre entretien avec Jocelyn DeBoer et Dawn Luebbe, réalisatrices de Greener Grass

Nos critiques | Compétition

Vitalina Varela | Pedro Costa
Collective | Alexander Nanau
Clemency | Chinonye Chukwu
Light of My Life | Casey Affleck
Jeune Juliette | Anne Emond
American Woman | Jake Scott
The Hole in the Ground | Lee Cronin

Nos critiques | Compétition Nouvelles Vagues

X&Y | Anna Odell
Goldie | Sam de Jong
Reconstructing Utoya | Carl Javér
Tutto l’oro che c’é | Andrea Caccia
Arguments | Olivier Zabat
Säsong (Ridge) | John Skoog
Hellhole | Bas Devos

Nos critiques | autres sections

About Endlessness | Roy Andersson
Martin Eden | Pietro Marcello
Earth | Nikolaus Geyrhalter
Greener Grass | Jocelyn DeBoer et Dawn Luebbe
Babyteeth | Shannon Murphy
Honey Boy | Alma Har’el
Psychobitch | Martin Lund
Midsommar (director’s cut) | Ari Aster

Le palmarès

Notre page spéciale

Gregory Coutaut

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