Oscars 2019 : les gagnants et les perdants

Les nominations pour les Oscars ont été dévoilées ! Quels sont d’ores et déjà les gagnants et les perdants, avant la cérémonie qui aura lieu le 24 février ? Le Polyester fait le point…

LES GAGNANTS

Roma
Dès les premières nominations annoncées ce mardi (celles du meilleur second rôle féminin), on pu sentir la vague d’amour venir pour le film d’Alfonso Cuaron avec la citation inattendue de Marina de Tavira. A cela s’est ajoutée celle de Yalitza Aparicio, dans le buzz toute la saison mais qui n’avait jamais vraiment émergé dans le top 5. Netflix peut-il réussir son coup jusqu’au bout ? C’est en tout cas très bien parti.

La Favorite
C’est l’autre leader avec Roma. 10 citations dont certaines attendues (techniques et interprétations) mais celle, pas évidente au vu du déroulement de la saison Oscars, de meilleur réalisateur pour Yorgos Lanthimos confirme le fort soutien du film. Qui parle certes de couronne anglaise mais qui semble peut-être trop curieux pour s’imposer dans la catégorie reine. Il fallait bien ce carton plein pour maintenir ses chances.

Spike Lee
Au-delà des 6 nominations récoltées par BlacKkKlansman, c’est la première citation de Spike Lee en tant que meilleur réalisateur qui a été remarquée. Sa seule nomination pour l’une de ses fictions était dans la catégorie meilleur scénario pour Do the Right Thing, l’année de… Miss Daisy et son chauffeur.

Cold War
Solide challenger en début de saison pour la catégorie meilleur film en langue étrangère, le film, grâce à une campagne Oscar efficace, a réussi à percer jusqu’à la nomination pour la meilleure photographie et surtout celle du meilleur réalisateur. Pawel Pawlikowski est parvenu à battre des candidats tels que Peter Farrelly et Bradley Cooper – ce qui dans le monde réel tient de l’évidence absolue… mais pas nécessairement aux Oscars.

Black Panther
Plus gros succès (hors Star Wars) au box-office américain depuis Avatar, véritable phénomène de société, Black Panther est allé jusqu’au bout avec 7 nominations dont meilleur film. C’est la première fois qu’un film de super-héros s’invite dans la catégorie principale.

Le Festival de Cannes
Une bonne partie des jérémiades accompagnant le dernier Festival de Cannes avaient pour motif la faible présence du cinéma américain (quel scandale, des critiques de cinéma obligés de voir des films étrangers sans star américaine !) et revenaient souvent sur le fait que Cannes n’était plus un acteur important en vue des Oscars (comme si c’était son rôle). Résultat, dans cette année cannoise qui n’a pas joué la carte Oscars : Spike Lee obtient sa première citation en réalisateur après son Grand Prix à Cannes, Cold War crée la surprise et 3 films sur 5 dans la catégorie langue étrangère viennent de Cannes.

Le renouvellement des votants
La catégorie meilleur réalisateur en est peut-être la meilleure illustration : on n’imagine pas forcément, il y a quelques années, des Jordan Peele ou Greta Gerwig (pour 2018) ou des Pawel Pawlikowski ou Yorgos Lanthimos (pour 2019) dans la catégorie meilleur réalisateur. Avec ces deux dernières citations, on retrouve moins de flans américains qui ont refilé toute leur mise en scène à faire à leur chef op. Il y a dix ans, Bradley Cooper et Peter Farrelly auraient sûrement eu droit à leur nomination.

Paul Schrader
Scénariste entre autres de Taxi Driver ou de Raging Bull, Schrader obtient, à 72 ans, sa… première nomination aux Oscars (pour le scénario de Sur le chemin de la rédemption).

LES PERDANTS/GAGNANTS

Bradley Cooper
Dans la course tout au long de la saison, nommé à la guilde des réalisateurs, Cooper a finalement été zappé de la catégorie meilleur réalisateur. Il peut néanmoins se consoler : A Star is Born reçoit 8 nominations, et, sans éparpillement de voix, ses chances en tant que meilleur acteur sont renforcées.

Green Book
Après sa victoire au PGA, Green Book faisait figure de leader. Le film n’a pas dit son dernier mot et reste un solide prétendant. Mais ses 5 nominations, sans celle du meilleur réalisateur, constituent peut-être un indice : les Oscars, aujourd’hui, veulent-ils encore des Green Book ?

LES PERDANTS

Les réalisatrices
Aucune réalisatrice ne figure dans les nominations pour la mise en scène. Marielle Heller (dont les deux acteurs sont nommés), Debra Granik, Lynne Ramsay ou Chloe Zhao faisaient partie des prétendantes, auxquelles les votants ont préféré le réalisateur de Very Bad Cops (pour Vice, son biopic à postiches consacré à Dick Cheney et dont la date de péremption est prévue au lendemain des Oscars). Les Oscars continuent de demander aux réalisatrices de courir un 3000 mètres steeple quand certains réalisateurs peuvent se contenter d’un 60 mètres plat. Mais c’est aussi le jeu de la popularité des Oscars : qui dit réalisatrice dit moins de moyens financiers, moins de box-office, moins de campagne Oscars et donc moins de citations.

First Man
Attendu comme un favori en début de saison, le nouveau film du chéri Damien Chazelle (19 nominations pour ses deux précédents films et lauréat du meilleur film pour La La Land pendant 30 secondes) s’est pris les pieds dans le tapis à cause de son échec au box-office américain. Il a toutefois, sur les réseaux sociaux, le privilège d’être considéré comme snobé malgré ses 4 citations.

Burning
Le film de Lee Chang-dong est adoré par la critique – mais les Oscars ne sont pas des prix de la critique. Reste malgré tout une énigme : c’est la première fois seulement, avec Burning, que la Corée du sud parvient au second tour des votes pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Et le pays compte toujours zéro nomination dans cette catégorie.

Nicole Kidman et Emily Blunt
Toutes les deux étaient doublement surveillées, mais n’ont reçu aucune citation. Kidman a reçu beaucoup de louanges pour ses prestations en lead dans Destroyer et supporting pour Boy, Erased, mais aucun des deux films ne s’est imposé lors de la saison Oscars. Blunt n’a pas réussi à surfer sur sa popularité et les 4 nominations du Retour de Mary Poppins. Et cette fourbe entourloupe de faire campagne en second rôle pour Sans un bruit (alors qu’elle est l’actrice principale du film) n’a pas fonctionné.

Toni Collette
Toni Collette remue des montagnes dans Hérédité, succès critique qui a également été un succès au box-office. L’académie attendra peut-être, pour la nommer en meilleure actrice, qu’elle tourne un drame neutre et bien repassé qui aura le bon goût de ne pas être un film d’horreur.

Nicolas Bardot

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