Les femmes de Taïwan font des vagues : 5 films à ne pas manquer

Du 19 septembre au 8 octobre a lieu au Forum des Images, à Paris, un programme exceptionnel dédié aux réalisatrices taïwanaises, intitulé Les femmes de Taïwan font des vagues. Ce focus est organisé pour célébrer les 30 ans du Women Make Waves International Film Festival, premier festival de films de réalisatrices asiatiques. Parmi les nombreux films rares et pour la majorité inédits en France, nous vous proposons une sélection de 5 coups de cœur à ne pas manquer.



Gaga, Laha Mebow (2022)
L’histoire : Trois générations d’une famille issue du peuple Atayal jonglent entre besoin d’appartenance et désir d’émancipation.
Pourquoi il faut le voir : Laha Mebow est la première cinéaste atayale, qui est un peuple aborigène de Taïwan. Dans Gaga (qui signifie tradition), la réalisatrice fait le portrait croisé de plusieurs membres d’une famille atayale d’aujourd’hui. Le parti-pris de Laha Mebow est naturaliste, le récit suit les événements d’une vie et ses cycles, de la naissance à la mort. La terre et l’appartenance demeurent un sujet central pour cette minorité, que la réalisatrice raconte avec simplicité et chaleur humaine. En creux, elle dépeint un monde qui avance sans attendre les plus anciens, tandis que les traditions paraissent plus obsolètes pour les plus jeunes. Gaga est présenté en ouverture du programme.



Missing Johnny, Huang Xi (2017)
L’histoire : Les chemins de trois âmes solitaires, habitant le même immeuble à Taipei, se croisent.
Pourquoi il faut le voir : C’est l’un des bijoux de ce programme spécial. Huang Xi a collaboré avec Hou Hsiao-hsien, qui est le producteur exécutif de Missing Johnny. La réalisatrice raconte le quotidien de trois solitaires, à Taipei. A la fois coloré et mélancolique, Missing Johnny assemble des micro-événements tandis que les jours se suivent. Huang Xi réalise des scènes nocturnes d’une grande beauté et sait saisir la beauté d’une ville à la tombée du jour. Son utilisation de la lumière est superbe et le film est traversé par une douceur contemplative qui fait merveille. C’est un superbe portrait de Taipei, et des âmes anonymes qui vivent à l’ombre des tumultes de la ville. A noté que Lim Giong (collaborateur régulier de Hou Hsiao-hsien mais aussi Jia Zhangke) a co-composé la musique de ce film élégant et rêveur.



Women, Charlene Shih (1999)
L’histoire : Women plonge dans l’esprit d’une fille chinoise moderne, et son voyage de l’adolescence à la découverte de soi.
Pourquoi il faut le voir : Lauréat du Grand Prix au Festival de Taipei en 1999, Women est un intrigant court métrage dont l’animation a été réalisée à l’encre. Charlene Shih dessine un flux continu et sensible, dont le climat est à la fois naïf et inquiet. Women dépeint un apprentissage de la féminité, exploré de manière à la fois simple et mystérieuse. Une rareté montrée parmi une sélection d’autres courts métrages, parmi lesquels Tiptoe de I-Ju Lin qui fut sélectionné à la Berlinale en 2019.



Small Talk, Hui-chen Huang (2016)
L’histoire : La cinéaste tente d’aborder avec sa mère, prêtresse taoïste et lesbienne, l’homosexualité, sujet encore tabou dans sa famille.
Pourquoi il faut le voir : Malgré son titre qui suggère des discussions anecdotiques et des échanges de politesse, Small Talk traite d’un élément fondamental dans la vie d’une mère et de sa fille. C’est aussi un tabou : l’homosexualité d’Anu, la mère de la cinéaste, est un sujet dont les membres de la famille ne veulent visiblement pas parler. Hui-chen Huang fait le portrait surprenant d’une héroïne qui s’est épanouie en dépit de l’influence de la famille et des traditions. Malgré la violence des regards et l’amertume des rapports, une élégante et subtile émotion s’invite dans ce documentaire dont la forme classique parvient à mettre en valeur la singularité et la liberté d’un formidable personnage. Small Talk a reçu le Teddy Award du meilleur documentaire à la Berlinale en 2017.



Happiness Road, Hsin-yin Sung (2017)
L’histoire : Installée aux USA, Chi revient à Taïwan à la mort de sa grand-mère adorée. Les souvenirs du passé, les possibilités du futur, la petite et la grande Histoire se bousculent dans sa tête.
Pourquoi il faut le voir : Sorti discrètement chez nous lors de l’été 2018 après sa sélection au Festival d’Annecy, Happiness Road est un long métrage d’animation dont la douceur des couleurs et le design adorable sautent aux yeux. L’histoire d’un déracinement et l’exploration d’un passé intime que raconte Hsin-yin Sung sont finalement moins enfantins que ce qu’on imagine de prime abord. Le long métrage, ample et ambitieux, traite de l’Histoire qui se déroule, de l’identité, de la construction familiale. Happiness Road est également porté par son imaginaire visuel, et son regard bienveillant en fait un portrait particulièrement attachant.


>>> L’intégralité du programme

Nicolas Bardot

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