Critique : Freda

Freda habite avec sa famille dans un quartier populaire de Port-au-Prince. Ils survivent grâce à leur petite boutique de rue. Face à la précarité et la montée de la violence en Haïti, chacun se demande s’il faut partir ou rester. Freda veut croire en l’avenir de son pays.

Freda
Haïti, 2021
De Gessica Geneus

Durée : 1h29

Sortie : 13/10/2021

Note :

EXORCISME VAUDOU

Freda est une jeune fille qui cherche à s’émanciper et trouver sa place dans une société coincée entre tradition et modernité. Pour son premier film de fiction, la réalisatrice haïtienne Gessica Généus opte non seulement pour une mise en scène discrète, solidement accrochée au réel, mais également pour un récit tout à fait archétypal. S’il arrive que le le film n’évite pas quelques figures imposées (telle cette scène un peu convenue où l’héroïne se démaquille solennellement devant un miroir), il nous offre sa part de quasi-jamais vu : des images rares de Port-au-Prince débarrassées de tout regard occidental, des images de la culture vaudou libérée de la caricature du regard colonialiste, ainsi que certaines scènes saisies au cœur même de manifestations sociales, apportant un puissant effet immersif à souligner.

Freda offre aussi tout simplement du rarement entendu : combien de longs métrages en langues créole circulent-ils jusqu’à Cannes et nos écrans ? Exprimer sa langue, c’est à dire à la fois la culture et sa voix, voilà qui est justement au cœur du film. Celui-ci s’ouvre d’emblée par un vif débat entre étudiants : pour s’émanciper politiquement, vaut-il mieux privilégier la protestation pacifique ou la révolution? A l’image de sa fière héroïne, qui selon les scènes à tantôt l’air d’une fillette tantôt d’une vraie femme, Gessica Généus semble avoir son avis sans naïveté sur la question. Elle dit d’ailleurs avoir envisagé son film comme un exorcisme, pour enfin vider les placards de la société de tous ses squelettes. Le résultat est un long métrage est porté par une énergie contagieuse.

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par Gregory Coutaut

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