Entretien Pham Thien An

Le Vietnamien Pham Thien An a remporté la compétition courts métrages de la Quinzaine des Réalisateurs avec son film Stay Awake, Be Ready. Ce beau film se déroule au coin d’une rue, au Vietnam, la nuit. Filmée en plan séquence, celle-ci s’anime et nous donne à voir tout un monde… Stay Awake, Be Ready fait partie de la sélection du Festival de Clermont-Ferrand cette semaine. Retour sur ce talent prometteur à l’occasion de notre Lundi Découverte…


Quel a été le point de départ de Stay Awake, Be Ready ?

Un jour, en buvant un verre entre amis dans la rue, j’ai observé à quel point pouvaient s’entremêler différentes destinées humaines, avec tous ces gens qui gagnent leur vie ici. Par exemple un jeune garçon cracheur de feu qui, après sa prestation, va de table en table demander de l’argent et vendre des bonbons. Il entend tellement d’histoires différentes en une nuit. J’ai ébauché une histoire dans ma tête, où il serait question d’un gamin cracheur de feu, de la conversation de trois jeunes hommes et d’un accident de moto – ce qui est une chose parfaitement commune dans un endroit pareil.



Comment avez-vous choisi le lieu de tournage – qui semble crucial pour un tel projet ?

Tout à fait, le lieu était l’élément le plus important du film. Nous avons fait des recherches sur plusieurs jours à partir de nombreux critères : il fallait un coin de rue avec des habitations à l’architecture très familière au Vietnam, que la rue soit convenablement éclairée, que l’espace offre suffisamment de possibilités en termes de profondeur, que les trottoirs soient suffisamment larges pour mettre la caméra sur rails… Finalement, nous avons trouvé un coin de rue au cœur d’un marché.

Dans quelle mesure ce qu’on voit dans Stay Awake, Be Ready est chorégraphié ou improvisé ? Comment avez-vous préparé le tournage ?

C’était tout à fait chorégraphié. Dans un souci de fluidité, nous avons répété 4 jours avec les personnages principaux, 1 jour pour le mouvement de caméra, et avant le tournage, nous avons passé 5 heures à répéter avec les figurants (ce qui représentait plus de cent personnes).



Tout dans votre film semble à la fois trivial et spectaculaire. C’est juste un coin de rue, mais c’est aussi tout un monde. Comment avez-vous abordé ces contrastes ?

Merci, ça me fait plaisir que vous me parliez de ça ! J’ai passé du temps à observer et ressentir la routine des gens ordinaires dans les rues du Vietnam. Ils apparaissent ici dans le cadre, reliés entre eux par les problèmes du quotidien comme par la conversation qu’on entend dans le film. En quelque sorte, le réalisme du film s’est exprimé par ces contrastes.

Quels sont vos réalisateurs favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

Les réalisateurs qui m’inspirent le plus sont Michael Haneke, Theo Angelopoulos, Béla Tarr et Andreï Tarkovski.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?

Je dirais peut-être Green Screen Gringo de Douwe Dijkstra, un court métrage très créatif.



Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 17 mai 2019. Un grand merci à Catherine Giraud.

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