Entretien avec Rodrigo Sepúlveda

Dévoilé à la Mostra de Venise dans la section Giornate degli Autori, Je tremble ô Matador est réalisé par le Chilien Rodrigo Sepúlveda. Ce film raconte les liens entre un travesti vieillissant et un militaire qui prépare un attentat contre Pinochet dans les années 80. Je tremble ô Matador est un film poignant, porté par la prestation une fois de plus formidable de Alfredo Castro. Le long métrage sort le 15 juin en salles. Nous avons rencontré son réalisateur.


Quel fut le point de départ de Je tremble ô Matador ?

Je tremble ô Matador est à l’origine un roman écrit en 2001 par l’écrivain et artiste LGBT chilien Pedro Lemebel (1952-2015). Cette œuvre incroyable est d’ailleurs l’unique roman qu’il a écrit de sa vie. Cette histoire d’amour entre un vieux travesti et un guérillero qui prépare un attentat contre la dictature dans le Chili des 80 a été très populaire dans notre pays. C’est cette œuvre qui a servi directement de point de départ au scénario qui j’ai écrit.

Au moment de l’écriture, comment avez vous fait en sorte de trouver votre équilibre entre l’aspect sentimental et l’aspect politique du récit ?

Trouver l’équilibre entre ces deux aspects fut en effet un travail très compliqué. Il s’agit d’une histoire d’amour particulière en raison du contexte politique et de l’environnement dans lequel elle se déroule. Les deux personnages principaux, Carlos et La Loca, vivent chacun dans le secret : Carlos pour être un guérillero, et La Loca pour être homosexuel dans un pays où l’homosexualité était illégale. Mon intention était donc de donner à ressentir qu’ils vivent chacun dans un monde soumis à l’isolement : qu’il s’agisse de l’espace intérieur de la Loca ou de l’espace social public d’un pays vivant sous une dictature.

Le titre original du film (Tengo miedo torero) provient d’une chanson sentimentale. A vos yeux, qu’est-ce qui en faisait le titre idéal pour votre film ?

Je pense que Tengo miedo torero est une chanson qui met en lumière le drame intérieur de La Loca. La Loca sait que chaque fois que Carlos n’est pas avec elle, il est en danger, de la même manière qu’ un torero met sa vie en danger à chaque fois qu’il va se produire dans l’arène.

Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

Des cinéastes préférés, j’en ai plus d’un : Bergman, Angelopoulos, Welles, Wong Kar Wai, Lars von Trier, Alan Clark, Mike Leigh, Haneke entre autres.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu l’impression de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?

Birdman ou La Surprenante vertu de l’ignorance d’Alejandro Gonzalez Iñarritu. La mise en place du film, le personnage principal, le travail de la caméra, la bande originale, le scénario : j’ai trouvé tout cela brillant.

Entretien réalisé par Gregory Coutaut le 16 mars 2021. Source portrait.

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