Festival du Film Coréen | Entretien avec Lim Jung-Eun

Révélé au Festival de Busan, Our Midnight fait sa première française cette semaine au Festival du Film Coréen à Paris. Ce film qui raconte l’errance de deux protagonistes dans un Séoul nocturne possède énormément de cœur et de charme. Sa réalisatrice, Lim Jung-Eun, est notre invitée.


Quel a été le point de départ de Our Midnight ?

Je voulais faire un film sur deux étrangers marchant à minuit sans destination précise.

Votre utilisation du noir et blanc est belle et expressive. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce choix ?

J’ai vu une photo prise par Roy DeCarlava alors que je travaillais sur le scénario avec le directeur de la photographie. La vue sur la rue et la décision audacieuse de capturer les zones d’ombres encore plus sombres, avec beaucoup de détails, étaient très impressionnantes. J’ai décidé de faire un film en noir et blanc parce que je pensais que ça irait bien avec le ton et l’humeur de Our Midnight. Tout le film se passe dans la même ville et il n’y a pas de conflits dans cette histoire, mais à travers ce choix, je voulais réconforter et encourager tous les jeunes qui accueillent chaque jour à bras ouverts. Pour montrer cela, j’ai utilisé la couleur seulement à la fin du film.

La ville joue un rôle important dans l’atmosphère de Our Midnight. Dans quelle mesure diriez-vous que celle-ci occupe une place aussi importante que vos personnages ?

Les endroits de Séoul montrés tout au long du film nous sont très familiers. J’ai pensé qu’il serait amusant de voir les endroits familiers sur un ratio 3:2 en noir et blanc comme s’il s’agissait d’une photo imprimée. J’espérais que les lieux réels où la jeunesse vit intensément seraient considérés comme les lieux secrets de Ji-Hoon et Eun-Young, à travers les expressions cinématographiques que je vous ai mentionnées.

Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

J’adore Wong Kar-Wai et plus particulièrement son film In the Mood for Love. Je pense que c’est un film avec une extraordinaire richesse d’atmosphères, et c’est aussi un grand film qui capture et exprime des émotions abstraites avec précision. Il y a quelque chose d’attrayant dans un tel film qui va au-delà du domaine du calcul et de la raison. J’aime aussi Paterson de Jim Jarmusch. Il nous réconforte en disant que notre vie quotidienne est le plus grand des arts. Comme il y a la vie, alors il y a ce film. Et la vie est toujours plus importante que les films.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?

Je ressens cela à chaque fois que je regarde un bon film. J’aime les films qui ont leur propre couleur. La couleur originale d’un film et de ses personnages, c’est quelque chose qu’on ne peut pas facilement imiter. Chaque fois que je vois des films avec des couleurs qui n’appartiennent qu’à lui, je me sens heureuse et je veux aussi trouver et exprimer les différentes couleurs que j’ai en moi.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 11 novembre 2020. Un grand merci à Lee Youngin.

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