Festival de Gérardmer | Entretien avec Jill Gevargizian

C’est l’une des bonnes surprises de la compétition du Festival de Gérardmer : l’Américaine Jill Gevargizian raconte, dans le film d’horreur The Stylist, l’histoire d’une coiffeuse qui ne se sert pas de ses ciseaux que pour couper les cheveux. Ce thriller psychologique est généreux et habité par un réjouissant mauvais esprit. Jill Gevargizian est notre invitée.


Pouvez-vous nous en dire davantage sur les thèmes que vous avez souhaité développer ou ajouter en passant de la version courte à la version longue de The Stylist ?

Dans le court métrage, Claire, le personnage principal, a quelques cicatrices à l’arrière de son cou. C’est un détail que nous avons inclus dans le court comme une autre couche supplémentaire, une autre raison suggérant pourquoi Claire se sent ainsi. Mais avec le recul, j’ai réalisé que les spectateurs se concentraient trop sur l’apparence physique. J’ai l’impression que cela réduisait notre propos, le film ne parle pas simplement d’avoir une imperfection sur le corps et de vouloir s’en débarrasser. Je voulais que l’accent soit mis sur la façon dont elle (ou vraiment n’importe qui parmi nous) se voit d’une manière totalement injuste et sévère qui ne reflète pas la réalité. Je voulais traiter de cette déconnexion (que beaucoup d’entre nous ressentons) avec ce à quoi on ressemble vraiment.

Votre utilisation de la lumière et des couleurs dans The Stylist est remarquable et très expressive. Comment avez-vous abordé le style visuel de votre film ?

Merci ! Tout a commencé avec l’idée que Claire devait donner l’impression de venir d’une autre époque. Dès le court métrage, nous avons conçu sa vie comme assez ancrée dans les années 70, comme si tout dans sa maison avait été transmis par sa grand-mère ou sa mère. La palette de couleurs de Claire est douce, pleine de jaunes, d’oranges et de bruns. Cela s’est reflète dans sa maison, le salon et sa garde-robe.

L’autre personnage principal, Olivia, jouée par Brea Grant, est censée être l’anti-Claire. Nous souhaitions donc que sa palette de couleurs tranche nettement avec celle de Claire et qu’elle soit très moderne. La vie d’Olivia est faite de violets, de bleus et de blancs. Nous avons également conçu le reste du monde (en dehors de la maison de Claire et du salon) comme très moderne, et avec des couleurs assez froides afin que Claire se démarque toujours et qu’elle ne semble jamais à sa place.

Quels sont vos cinéastes préféré.e.s et celles ou ceux qui vous inspirent ?

Parmi mes préféré.e.s, il y a David Fincher, Brian De Palma, Ana Lily Amirpour, Nicolas Winding Refn, Baz Luhrmann, Paul Schrader, Andrea Arnold, Martin Scorsese… Je pourrais continuer encore et encore !

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?

Je regarde tout le temps des nouveaux films ! Récemment j’ai pu voir vraiment de très bons films comme Gretel & Hansel de Oz Perkins, Promising Young Woman de Emerald Fennell ou A Good Woman Is Hard to Find de Abner Pastoll !

Quel selon vous est le personnage qui, au cinéma, a la meilleure coiffure ?

Oh, j’adore cette question ! Je vais vous répondre avec l’idée qui me vient le plus spontanément à l’esprit : la coiffure de Claire Danes lorsqu’elle est habillée en ange dans Romeo + Juliet de Baz Luhrmann. Ce film a eu un tel effet sur moi, en tant que personne et en tant que réalisatrice.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 29 janvier 2021. Un grand merci à Gustave Shaïmi. Crédit portrait : Lauren Pusateri.

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