Entretien avec Erika Klash

Erika Klash était l’une des stars de la deuxième saison de Dragula, téléréalité récompensant la plus horrible des dragmonsters américaines. Monstre gentil mi-kawai mi-yokai, Erika nous a tapé dans l’œil. Cette fan de films d’horreur, d’Argento à Godzilla, crée des looks complètement fous nés d’un imaginaire débridé. Elle est notre nouvelle invitée à l’occasion de ce Mois des Fiertés.

Le cinéma est-il une source d’inspiration de votre drag ? Des icônes vous ont-elles servi de référence ?

Le cinéma a toujours occupé une place importante dans ma vie, et par conséquent il a eu une influence énorme sur mon drag ! Dès mon plus jeune âge, mon père et moi nous réunissions pour regarder des vieux films d’horreur d’Universal et les films de Godzilla des années 60 et 70. Quand j’étais au lycée, je suis tombée amoureuse des films de Dario Argento et j’ai commencé à écrire. Après quoi je suis allé à l’université à New York afin d’étudier l’écriture de scénarios. Et ce background-là se sent très certainement dans mon drag.

Mes numéros fonctionnent souvent à partir d’une structure en trois actes, conformément à la structure traditionnelle des films, et j’ai toujours adoré faire du spoken word lors de mes lipsyncs sur scène. Le drag me donne l’occasion de donner vie à certains de mes passages de films préférés, et faire cela sur scène pour un public queer est la raison-même pour laquelle j’adore le drag.

Si vous aviez carte blanche, quel acteur ou quelle actrice de cinéma souhaiteriez-vous relooker en drag queen ?

Ma mère et moi sommes fans de Fran Drescher (de la sitcom Une nounou d’enfer) depuis que je suis gosse. Les tenues de Fran dans le show étaient toujours stylées et larger-than-life, et son personnage était fun et charismatique. Alors j’aimerais pousser tout cela encore plus loin jusqu’au drag.

Y a t-il un film dans lequel vous auriez rêvé de jouer en drag ?

Poison Ivy, de la mythologie Batman, était mon inspiration originelle pour mon drag. Par conséquent j’adorerais j’adorerais l’incarner dans une esthétique japonaise/anime. Étant une énorme fan de Godzilla, j’ai actuellement le fantasme d’être l’actrice dans le costume du monstre. Il y a quelque chose de très spécial dans la magie de ce cinéma-là, et jouer une kaiju femme serait un honneur. J’adorerais également jouer un rôle de drag queen dans un film d’Argento (ses premiers films comprenaient beaucoup de personnages queer). Être tuée par Argento serait un vrai régal, car ses séquences de meurtres ne déçoivent jamais.

Nous célébrons cette année les 50 ans de Stonewall. En quoi votre drag est-il politique à vos yeux ?

Mon drag n’est pas délibérément ou activement politique, même si ma préférence va aux drag queens qui d’une certaine manière parviennent à défier la culture dominante. D’un point de vue artistique, j’adore combiner des éléments de contre-culture de la mode urbaine japonaise avec des éléments de contre-culture typiques du drag. Pour beaucoup aux États-Unis, le drag est devenu quelque chose d’assez family-friendly et sans controverse. C’est important aussi car cela permet une autre forme d’inclusion des queers par le public non-queer. Mais je crois que le drag a cette vertu de défier délibérément le concept de normalité et de célébrer ce qui est unique et différent chez des personnes queer.

En ce qui me concerne, je suis trans-inclusif, même chose avec les femmes-cis qui font du drag, je soutiens les drag kings, et je soutiens plus généralement l’idée d’union des drag queens. Ce sont des sujets dont il a été question dans la communauté drag aux États-Unis.

Quel est votre film queer préféré ?

C’est difficile de n’en citer qu’un. Je dirais La Cage aux folles et The Birdcage (les versions françaises et américaines de Edouard Molinaro et Mike Nichols), ainsi que To Wong Foo, Thanks for Everything ! Julie Newmar de Beeban Kidron et Priscilla, folle du désert de Stephan Elliott qui sont haut sur ma liste pour des raisons évidentes et ils sont toujours aussi drôle à regarder. Moonlight était un film exceptionnel ; il m’a d’une certaine manière fait penser à une pièce de théâtre mais dans sa meilleure expression. Les personnages et le scénario sont incroyablement riches et captivant. Et puis il existe des tonnes de productions queer et indé qui sont très fun aussi.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 20 juin 2019. Le compte Instagram de Erika Klash. Sources portrait 1 : Erika Klash / portrait 2 : Cash Monet / portrait 3 : Erika Klash / portrait 4 : David Ayllon / portrait 5 : Cash Monet.

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