Berlinale | Critique : Voices in The Wind

En quête de réponses, Haru, 17 ans, part pour un long voyage à travers le Japon jusqu’à la ville où, en 2011, le tsunami dévastateur a emporté son frère et ses parents.

Voices in the Wind
Japon, 2020
De Nobuhiro Suwa

Durée : 2h19

Sortie : –

Note :

LE TÉLÉPHONE PLEURE

Lors d’une discussion, la tante d’Haru évoque un quartier qui aura nécessité 8 ans de travail pour être refait. Cela paraît long, mais tout cela reste très court à l’échelle d’un deuil, celui d’Haru qui a perdu ses parents et son frère lors du désastre de 2011. Nobuhiro Suwa filme sa jeune héroïne comme une très fragile poupée de chiffon. « J’ai cru que tu étais morte » lui dit-on alors qu’elle est allongée par terre, et il y a effectivement quelque chose de fantomatique dans cette héroïne et dans la remarquable interprétation qu’en fait la très singulière Serena Motola.

Haru est omniprésente à l’écran mais semble totalement absente, notamment quand on parle autour d’elle. Comment l’aider elle, comment s’aider en général ? Haru embarque pour un road trip du sud au nord du Japon. Elle rencontre des bons samaritains, mais l’aide ne va pas toujours de soi. Le caractère mélodramatique est souvent contrebalancé par une caméra et une lumière pudiques. C’est un voyage lugubre qui est fait dans des lieux où restent des traces de disparus, où les photos s’effacent, où l’ancien chez soi n’est plus qu’une flaque de boue – comment peut-on supporter ça, à fortiori à un si jeune âge ?

Pour le traitement sensible de cette histoire, Suwa a co-écrit le scénario avec Kyoko Inukai, qui a notamment collaboré avec Naomi Kawase sur Nanayo. Voices in the Wind est long (2h20) et la lenteur de chaque séquence tire un peu trop la corde – on a le sentiment que certaines scènes plus courtes auraient peut-être donné plus de relief et de respirations au film. Mais ce drame reste fort et poignant, entre autres pour son mélange de ton inattendu qui va d’une véracité quasi-doc à une tension fantastique.

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par Nicolas Bardot

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