Critique : Un printemps à Hong Kong

Pak, chauffeur de taxi et Hoi, retraité, vivent à Hong Kong. Ils ont construit leur vie autour de leur famille mais leur rencontre, au hasard d’une rue, les entraîne sur les pentes d’une belle histoire d’amour, qu’ils décident de vivre sans toutefois bouleverser les traditions de leur communauté.

Un printemps à Hong Kong
Hong Kong, 2019
De Ray Yeung

Durée : 1h32

Sortie : 09/06/2021

Note :

GREY PRIDE

Un printemps à Hong Kong raconte l’histoire de protagonistes qui en sont plutôt à l’automne de leur vie. Même à la table familiale, c’est davantage le mariage des enfants qui est au cœur des conversations. Le printemps du titre, c’est plutôt l’amour (re)naissant entre les deux héros. Le réalisateur Ray Yeung s’est inspiré d’un essai intitulé Oral History of Older Gay Men in Hong Kong. Cet ouvrage est composé d’entretiens avec des hommes de 60 à 70 ans, pour la plupart encore dans le placard. Le film donne ainsi à voir des vies ordinaires, mais avec un subtil sens du détail.

De même, sans être véritablement révolutionnaire, Un printemps à Hong Kong montre des personnages comme on en voit rarement : des homosexuels du troisième âge, parfois mariés et avec des enfants. Il le fait sans naïveté (le lieu qui renferme toute la chaleur humaine et la fraternité n’est pas le foyer familial mais un sauna, où l’on joue aux dominos et rigole entre potes plutôt qu’on y baise sauvagement) et avec beaucoup de bienveillance. L’accent n’est pas mis sur le mensonge ou la clandestinité mais sur le positif.

En creux, pourtant, le film questionne avec nuance l’épanouissement possible d’un amour dans cette clandestinité, lorsqu’on est jeune ou lorsqu’on est plus vieux. Comment trouve t-on sa place au sein de la société lorsqu’on est encore dans le placard non pas à l’adolescence mais à soixante ans passés ? Les antagonismes du long métrage sont le moteur d’une dynamique efficace, qui là encore privilégie les différentes teintes au drame spectaculaire. Le film prouve si besoin qu’on peut être très sobre et pourtant romanesque et attachant.

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par Nicolas Bardot

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