TIFF 2022 | Critique : Un été comme ça

Invitées en maison de repos pour explorer leurs troubles sexuels, trois jeunes femmes occupent les jours et les nuits à apprivoiser leurs démons intimes. Sous la supervision tranquille d’une thérapeute allemande et d’un travailleur social bienveillant, le groupe tente de garder un équilibre fragile. Pour la jeune Geisha, la sombre Léonie et l’imprévisible Eugénie, il s’agit, pour 26 jours, d’éviter les cris, d’apprivoiser les chuchotements du temps présent et de considérer l’avenir.

Un été comme ça
Canada, 2022
De Denis Côté

Durée : 2h17

Sortie : 27/07/2022

Note :

HISTOIRES DE FESSES

Fiction, documentaire, fantastique, comédie, les films du Québécois Denis Côté se suivent à un rythme très prolifique (rien qu’à la Berlinale, c’est aujourd’hui sa 5e sélection en 9 ans) en changeant joyeusement de registres et de formes, tout en conservant la patte unique de son auteur. Ou plutôt la langue unique, car le cinéma de Côté est souvent basé sur les dialogues. Qu’ils soient plein de facétie ou de sérieux, leur importance est d’ailleurs généralement tellement surlignée qu’elle prend la place sur tout le reste. Certains cinéastes signent des films bavards car ils font de la parole un moteur narratif. Chez Rohmer, Hong Sangsoo ou même Kechiche, on verbalise à outrance pour masquer son incapacité à agir, par exemple. Avec ces 2h17 sans silence, Un été comme ça vient plutôt nous donner une nouvelle fois l’impression que le cinéma de Côté adore tout simplement s’écouter parler.

Parler, les héroïnes d’Un été comme ça ne font justement que ça, occupant tout l’espace de leurs confessions sexuelles parfois très explicites, face à des interlocuteurs qui s’effacent avec respect. « Elle a tout déballé sans se demander si cela avait du sens ou si ça nous intéressait » se plaint un personnage avec une ironie qui ne manque pas de culot. Peu inspiré dans sa mise en scène, faussement proche des personnages et vraiment balourd dans son usage des gros plans, Côté ne parvient pas à faire décoller les monologues en question. Mises en scène avec l’absence de naturel qui qualifie le cinéaste, ces provocations aux mots crus demeurent particulièrement plates. Un comble.

Un été comme ça empile platitude sur platitude avec la satisfaction autocomplaisante des provocateurs en culottes courtes. Le film passe son temps à pointer du doigt son sujet sans parvenir à en dire quoi que ce soit. Il vante la liberté de ses héroïnes mais le regard qu’il pose sur elles est paternaliste et culpabilisant. Le film se termine en effet sans qu’elles n’aient pris plaisir à leurs confessions, peine que l’on partage. A nos yeux, ce nouveau film de Denis Côté se termine comme tous ses précédents avaient commencé : dans une vacuité pédante qui nous fait dire « tout ça pour ça ».

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par Gregory Coutaut

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