Critique : L’Etrange histoire du coupeur de bois

Pepe est bûcheron dans une petite ville idyllique du nord de la Finlande. En deux jours à peine, une série d’événements vient perturber la petite vie tranquille et heureuse qu’il menait jusqu’alors. Mais Pepe semble s’en accommoder sans problème. Alors que les jours suivants ne lui amènent que chaos, conflits et aventures surréalistes, Pepe continue résolument à voir la vie du bon côté. Toujours souriant, toujours optimiste. Comme s’il avait percé un secret de l’existence que personne n’aurait encore trouvé.

L’Étrange histoire du coupeur de bois
Finlande, 2022
De Mikko Myllylahti

Durée : 1h38

Sortie : 04/01/2023

Note :

PETIT FORÊT

Présenté à la Semaine de la critique, L’Étrange histoire du coupeur de bois est le premier long métrage du Finlandais Mikko Myllylahti, mais celui-ci n’en est pourtant pas à son coup d’essai cannois. En 2018, son court Tiikeri était déjà présenté à la Semaine et en 2016 il fut scénariste de Olli Makki, lauréat du prix Un Certain Regard. Au noir et blanc de ce dernier, L’Étrange histoire du coupeur de bois oppose ici des couleurs très vives qui viennent contraster avec le manteau blanc recouvrant un mignon village finlandais. Avec ses chaumières peintes en rouge, son unique bar chaleureux (qui de l’extérieur ne ressemble pourtant qu’à un container abandonné) et cette neige omniprésente qui fait perdre tout repère, ce village est à la fois accueillant et étrangement décalé. Les couleurs elles-mêmes semblent presque trop saturées, comme si leurs apparences sucrées cachaient un secret.

Pepe, le bucheron du titre, a lui aussi l’air de posséder un secret. Même quand les malheurs déboulent en avalanche (son job, sa femme, ses amis, etc.) autour de lui, il reste d’un optimisme à l’enthousiasme presque naïf, dans un décalage au systématisme la fois attachant et agaçant. La carte postale est dépaysante, mais l’est-elle tant que ça ? Avec sa galerie de personnages pince-sans-rire et de gueules désabusées, avec son humour burlesque et lunaire, avec son mélange d’humour et de sérieux gentiment surréaliste, ce village a l’air droit sorti d’un double héritage : Twin Peaks d’un côté, et de l’autre la tradition déjà ben identifiée des comédies scandinaves désespérées.

On ne dévoilera pas l’évolution du scénario, ses virages et son ambition philosophique, mais tout ceci arrive un peu tardivement et artificiellement pour se départir pour de bon du déjà-vu. En dépit de certaines trouvailles, nous avons davantage eu l’impression de voir en L’Étrange histoire du coupeur de bois la nouvelle expression d’une formule identifiée qu’un pari vraiment unique. C’est sans doute un peu ironique pour un film réalisé par un ancien scénariste et poète, mais c’est finalement le traitement visuel qui donne à Woodcutter son meilleur relief. Le surréalisme n’a pas besoin d’être surligné au scénario quand il s’invite déjà si bien à coups d’éclairages extérieurs faussement familiers, qui rappellent les photographies de Gregory Crewdson.

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par Gregory Coutaut

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