Gérardmer 2019 | Critique : The Unthinkable

Alors que la Suède subit une mystérieuse attaque supposée terroriste, Alex est contraint de retourner dans son village natal. Il y retrouve Anna, son amour de jeunesse, ainsi que Björn, son père avec lequel il n’a pas parlé depuis des années. Ensemble, ils devront renouer les liens brisés afin de survivre dans un pays plongé dans le chaos…

The Unthinkable
Suède, 2018
De Crazy Pictures

Durée : 2h09

Sortie : –

Note : 

MAIS DANSE AVEC MOI, PAPA

The Unthinkable (« l’impensable ») est un titre prometteur – et d’une tonalité très différente du titre original de ce film réalisé par le collectif suédois Crazy Pictures (Den blomstertid nu kommer, littéralement « Le temps des fleurs est venu »). Le long métrage confronte effectivement ses protagonistes à l’impensable même si les attaques terroristes et l’ambiance fin de monde ici dépeintes semblent finalement… tout à fait concevables. C’est l’une des qualités du film : comment celui-ci prend son temps pour mettre en scène minutieusement un dérèglement progressif vers le chaos, et ce d’une manière assez réaliste.

On ne s’attendait pas forcément à un film aussi spectaculaire. Les réalisateurs se montrent très habiles visuellement et jouent avec dextérité du contraste entre le drame humain et l’action impressionnante. Doté d’un budget relativement modeste de 2 millions de dollars, le film ne paraît jamais cheap. Et il s’appuie, en termes d’écriture, sur une retenue d’informations qui fonctionne. S’agit-il de Daech ? Des Russes ? Les complotistes ont-ils raison ? Voilà une nouvelle couche de tension dans cet efficace thriller apocalyptique.

Las, on aurait aimé que cette ambition générale se retrouve entièrement dans l’écriture. C’est ici que le titre The Unthinkable devient ironique car il est très facile d’imaginer cet arc narratif raconté mille fois où le jeune héros, d’abord traité de lavette, va devoir s’affirmer en tant que héros viril face aux balles afin de récupérer la blonde de ses rêves. C’est un arc qu’on a eu l’occasion d’observer 3 fois en 24 heures à Gérardmer, et on rêve de scénaristes qui sortent de ces recettes infantiles. Le film n’est pas gâté non plus par sa sous-intrigue à base de daddy issues, et cette obsession pénible et cliché des « choses à régler avec papa » et de « papa règle toute les choses ». A ce titre, le dénouement flirte avec le ridicule. Dommage : l’efficacité de The Unthinkable aurait été encore plus remarquable si le film avait été dégraissé.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article