Gérardmer 2019 | Critique : Await Further Instructions

C’est le jour de Noël et la famille Milgram se réveille en découvrant qu’une mystérieuse substance noire entoure leur maison. Une catastrophe semble avoir eu lieu ; s’agit-il d’un accident industriel, d’une attaque terroriste ou d’une guerre nucléaire ? Imaginant le pire, ils allument la télévision dans l’espoir d’y trouver un début d’explications. Mais un message sibyllin apparaît à l’écran : « Restez à l’intérieur et attendez des instructions complémentaires ». 

Await Further Instructions
Royaume-Uni, 2018
De Johnny Kevorkian

Durée : 1h31

Sortie : –

Note : 

MAIN BASSE SUR LA TÉLÉVISION

Une famille se retrouve prise au piège et hypnotisée par leur écran de télévision, sur lequel s’affichent des ordres et des menaces les mettant en danger. Si la métaphore morale sur les risques des nouvelles technologies peut rappeler Black Mirror, ce pitch vient en revanche de plus loin, et s’inspire directement (mais cependant pas au point d’être crédité au générique) d’une nouvelle de Richard Matheson. De fait, il y a également une petite touche de Quatrième dimension dans ce film-là, dans la façon dont un événement extérieur va faire remonter à la surface un horrible refoulé, révéler l’horreur qui sommeil déjà dans les personnages.

Mais ces deux séries sont des références un peu trop généreuses pour Await Further Instructions, qui ne paraît pas spécialement tenté de retrouver la même finesse d’écriture. Dès le début, le ton est celui de la farce, et contient déjà une dimension grotesque. Les personnages, odieux à souhait, titillent notre sadisme – qui sera récompensé. Le ton n’est pas des plus subtils, mais la farce permet également le commentaire politique : le film fonctionne en effet comme une métaphore du Brexit, d’une nation au bord de l’implosion, volontairement coupée du monde et qui dévore ses propres enfants.

Le point de départ est un cliché à lui tout seul : un jeune mec traité de tafiole par son père (au passage, merci aux sous-titres français d’en rajouter une couche dans l’homophobie en modifiant les insultes d’origine) qui va se transformer en héros sauveur pour impressionner et sauver sa meuf. Rien que dans le cadre de Gérardmer cette année, c’est déjà le 3e film à fonctionner sur ce ressort, au secours.

Mais la fraicheur de Await Further Instructions vient d’une part d’un humour méchant qui fait que même les gentils payent et souffrent. Le film est à plus d’un titre gentiment couillon, mais au moment de régler leurs comptes au cliché des pères et des maris sauveurs, au moment de dénoncer la masculinité toxique plutôt que de la perpétuer (coucou les autres films de Gérardmer) son mordant fait plaisir à voir, et rattrape en partie ses défauts.

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par Gregory Coutaut

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